Christopher Nolan s’attaque au film historique en traitant d’un événement assez méconnu de la 2nde guerre mondiale. Les troupes britanniques sont acculées par les allemands dans la poche de Dunkerque en 1940. Ces centaines de milliers de soldats, le gouvernement britannique va tenter de les sauver en les faisant traverser la Manche et pour cela le temps est compté ; quelques jours seulement. Près de 300.000 britanniques seront évacués dans des conditions de danger extrêmes (sous le feu de Wehrmacht), événement qui aurait pu être vécu comme une débâcle mais sera vécu comme une victoire à Londres… et l’histoire donnera raison aux enthousiastes car c’est bien des côtes britanniques qu’une partie de la victoire proviendra en 1945. Dans le traitement de cet événement ; Nolan fait du Nolan. Il ne s’encombre pas trop de la réalité historique, son objectif est plus de faire un revival, un vrai trip sensoriel plutôt qu’un film historique. Et en ce sens c’est une réussite. Les Allemands restent hors champ ; et le traitement qui est fait de l’armée française est déplorable. Plusieurs milliers de soldats français moururent pourtant pour protéger les soldats britanniques en attente du départ sur la plage de Dunkerque ; peu présents, lorsqu’ils le sont, ils apparaissent incompétents, déserteurs,… Pas très subtile voire inconvenant comme traitement. Nolan fait du Nolan. Il décide de nous montrer la bataille de Dunkerque : de la plage avec les soldats sur une temporalité hebdomadaire, de la mer avec les plaisanciers patriotes sur une journée, et des airs avec un pilote d’avion de chasse sur une heure… en fusionnant au montage les trois temporalités. Distordre le temps dans le but d’accroitre la tension, mais en perdant parfois le spectateur dans des choix de montages ou d’ellipses hasardeux. Un jeu de dilatation du temps qui est sa marque de fabrique mais qui devient une sorte de tic inutile ici. Et pourtant à bien des égards, ce film est pourtant le plus grand film de guerre par le réalisme et le spectacle depuis le soldat Ryan de Spielberg. Ensuite, Nolan s’appuie sur un scénario léger avec comme but de faire vivre un trip revival contestable ; son personnage principal subit un florilège de toutes les épreuves que les soldats de Dunkerque dans leurs ensemble ont pu subir. Epuisant pour nous et les protagonistes. Tout cela sur fond de refrain patriotique très appuyé. Vous comprendrez que ce n’est pas la finesse, ni la clarté de traitement, ni la précision historique les atouts majeurs du film mais bien le côté spectaculaire bien maitrisé que l’on retient au terme du film. A voir donc pour une immersion réussie digne des meilleurs revivals.
Sorti en 2017
Ma note: 11/20