Premier pas raté derrière la caméra pour le mythique scénariste de The Social Network avec un biopic (trop) verbeux sur une magnat du Poker.
Pour que les qualités d'un scénario jaillissent à l'écran, il est nécessaire qu'un metteur-en-scène sache l'adapter convenablement à l'écran. Le cas d'Aaron Sorkin en est le plus flagrant : Là où le cinéma numérique de David Fincher traitait aussi bien son image que cet amas de parole comme un flux de donnés, il est frustrant de constater que son écriture tant plébiscitée peut atteindre ses limites sans une mise en scène impactant. Car à moins que vous compreniez tout au Poker, Le Grand Jeu risque d'être les 2h20 les plus longues pour commencer l'année.
Comparé au Loup de Wall Street, Le Grand Jeu pourrait être résumé comme une longue scène d'introduction d'un film de Martin Scorsese. Appuyé par une voix-off brisant le quatrième mur, la narration enchaîne dialogues et inserts à un rythme inépuisable pour son déroulement mais qui, contrairement à chez Scorsese où cela sert à dévoiler les états d'âmes et l'époque de son personnage, échoue à captiver le spectateur. Si les motivations de Molly Bloom (Jessica Chastain) nous paraissent claires au départ, la surcharge de dialogues incompréhensibles sur le Poker nous fait vite perdre le fil.
Cette atmosphère si verbeuse est d'autant plus plombante que rien dans la mise en scène ne passionne. Sorkin pensant certainement que ses dialogues serviront sans doute de cache-misère pour camoufler sa paresse. Difficile donc d'être impliqué davantage dans ce Grand Jeu où personne ne ne gagne : Ni le film, ni les spectateurs, ni les acteurs se reposant sur les acquis de leurs précédents rôles parviennent à accomplir quelque chose dans ce film.
On peut le dire : Aaron Sorkin a réussi à nous bluffer en nous faisant croire qu'il pouvait être aussi bien en tant que réalisateur qu'en scénariste. Si vous voulez regarder un film Sorkinien (mais non réalisé par lui)plus intéressant avec Jessica Chastain, procurez-vous plutôt le divertissant Miss Sloane sorti l'année dernière.
Victor Van De Kadsye