Autant de possibilités de scénario que d’auteurs

Il n’existe pas une forme préétablie pour écrire un bon scénario. Il existe des modèles. C’est à chaque auteur d’en tirer le meilleur parti.

On peut considérer sans trop se tromper que Aristote et sa Poétique est probablement la première des théories dramatiques. Lorsque le cinéma est apparu, d’autres théories ont vu le jour. Celles de William Lewis Gordon en 1913 et de A. W. Thomas en 1914 sont notables. Cette dernière s’est d’ailleurs inspiré de Aristote (et ce ne fut pas la seule).

Story de Robert McKee a fortement marqué les esprits.  Avant lui, en 1979, Syd Field et son titre Screenplay fut un best-seller. Vous trouverez des articles sur Robert McKee et Syd Field sur Scenar Mag.
Chez Aristote, une histoire a un début, un milieu et une fin. Chez Syd Field, ces trois actes sont devenus la mise en place (Setup) pour l’acte Un, la confrontation pour l’acte Deux et la résolution pour l’acte Trois.

Robert McKee fut un chantre reconnu du cinéma indépendant (les années 70 aux Etats-Unis). Le cinéma d’auteur (la Nouvelle Vague en France) avait déjà commencé avec les Jeunes Turcs dès les années 50.

Robert McKee

McKee se présente d’emblée en opposition à Syd Field. Pour lui, la vie est difficile, décevante et la mort est tapie à chaque recoin. Selon ses propres propos, il enseigne la vérité. Et la vérité de la vie est ce qui rend possible la dramaturgie.

La dramaturgie a besoin d’être structurée. Cette structure nécessaire permet de supporter la façon dont un protagoniste entreprendra un changement radical de sa personnalité ou de son point de vue sur le monde. Concernant le scénario, ce changement se fera entre 95 et 125 pages environ.

McKee suggère aussi que l’auteur doit entreprendre lui-même cette transformation afin d’être capable d’inventer un tel personnage. Ainsi, écrire un scénario affecte non seulement la vie du protagoniste mais aussi celle de l’auteur. Il doit réaliser que l’histoire qu’il écrit est celle d’une lutte et d’une résolution qui fera écho à la lutte et la résolution espérée d’une vie d’auteur.

Tant que nous sommes porteur d’un projet mais que celui-ci ne se réalise pas, notre vie est dans une sorte de déséquilibre. Il faut aller jusqu’au bout de son projet. Notre vie ne sera accompli que lorsque le scénario sera écrit. Et le Graal est que le film qu’il contient en puissance soit réalisé.

Une fiction répond à une question simple posée par Aristote : Comment un être humain doit-il conduire sa vie ?
McKee précise que nous ne devrions cesser de tenter d’adapter nos moyens à nos rêves, de mettre de la passion dans toutes nos idées, de faire de nos désirs des réalités.

Notre désir d’histoires est un reflet d’un besoin profondément humain. Nous avons besoin de comprendre comment fonctionne la vie. Ce n’est cependant pas abstrait. A travers la fiction, nous ne théorisons pas la vie. Nous voulons seulement l’éprouver au-travers d’une expérience personnel et hautement émotionnelle.

L’authenticité de l’auteur

L’auteur devrait écrire dès le début pour exprimer ce qu’est sa véritable croyance en la vie. Une fiction n’est pas un moyen d’échapper à la réalité. Elle est une recherche de celle-ci. C’est-à-dire de tenter de faire sens du chaos apparent qui se dégage de l’existence.

Finir un scénario, c’est aboutir à penser autrement sa vie. Une histoire est une métaphore de la vie. C’est de la vie elle-même qu’elle tire son essence dramatique. Et la vie est tout à la fois intérieure et extérieure. C’est-à-dire notre vie spirituelle, ce qui se passe en nous et notre vie extérieure, celle de notre présence en ce monde à travers notre relation aux autres.