Pour la fin d’année 2017, Netflix nous a gâtés. Avec presque une nouvelle série par semaine, il y avait du choix. Et si on attend la 4e saison de Black Mirror pour le vendredi 29, on peut déjà faire le point sur Punisher, Godless et les nouvelles saisons de Chasseurs de Trolls, the Crown et Black Mirror !
Remarqué dans la deuxième saison de Daredevil, il n’en fallait pas plus pour que le Punisher puisse s’amuser dans sa série solo. Enfin, « s’amuser », façon de parler car le traitement du personnage est tout de même sombre et mystérieux. En cherchant à se débarasser de l’image gênante des quelques films ratés faits sur le personnage, le créateur Steve Lightfoot (qui a notamment oeuvré sur Hannibal) va inscrire directement le personnage dans la réalité et l’actualité. En fuite après les événements de Daredevil, Franck Castle a donc trouvé un job sur un chantier et fait profil bas. Mais son passé va forcément le rattraper.
C’est donc l’occasion de parler de l’origine du personnage, de son trauma. Et si dans les comics, le personnage est directement lié à la guerre du Vietnam, cette fois, il est issu des sombres opérations menées en Irak et en Afghanistan. Le personnage, plutôt qu’un vengeur avide de violence fait ici place à un soldat ayant perdu sa famille et en plein état de stress post-traumatique. Surdoué et lucide, il va enquêter sur ceux qui veulent sa mort alors qu’il est lui même recherché. Le portrait du personnage est alors intéressant et bien porté par Jon Bernthal, d’autant plus que son antagoniste Billy Russo (étonnant Ben Barnes) est lui aussi bien travaillé.
Avec une réalisation efficace, des scènes d’action bien tournées mais rares, il est tout de même dommage que la série souffre des même symptomes que les autres séries Marvel/Netflix, à savoir un trop grand nombre d’épisodes qui alourdissent le rythme en meublant avec du vide. Car il faut bien dire ce qui est, certains épisodes gagneraient grandement à être raccourcis pour se concentrer sur l’essentiel et faire avancer les personnages. Mais ce Punisher reste tout de même bien digne d’intérêt et se place au niveau qualitatif bien devant Luke Cage et Iron Fist.
Après avoir produit the Knick, Steven Soderbergh continue son voyage dans le passé en produisant la mini-série Godless. Cette fois, place au western avec une bonne touche féminine. En effet, ici les hommes de la ville de La Belle sont morts dans une mine et les femmes tentent donc de survivre. En parallèle le jeune Roy Goode vient de trahir le truand Frank Griffin. Evidemment, Goode trouve refuge à La Belle qui doit attendre le gang de pied ferme.
Autant le dire tout de suite, la série menée écrite et réalisée par Scott Frank (scénariste de Logan) rassemble tous les poncifs du western avec la ville, le shérif, le méchant hors la loi, le gentil en quête de rédemption, la fusillade finale, la romance entre le rebelle et une veuve. A tel point que le propos féministe passe presque au second plan, le peu d’hommes présents ayant le plus de temps de parole (ce qui est dommage car les portraits de femmes avaient ici beaucoup de potentiel).
Cependant, la série fonctionne très bien avec une écriture rythmée faite de révélations progressives, d’une réalisation impeccable qui sert autant l’action que les séquences émotions avec des paysages sublimes. En ce sens, le 7e et dernier épisode est vraiment superbe et mérite toute notre attention. A découvrir.
Après une première saison réussie, les Chasseurs de Troll imaginés par Guillermo Del Toro sont de retour, pour notre plus grand plaisir, avec une salve de 13 nouveaux épisodes. Nous avions laissé Jimmy au pays des ténèbres, et le récit reprend directement à ce moment, alors que ses amis tentent de l’en libérer tout en devant faire profil bas au marché des trolls. La première partie de la saison se concentre donc sur cette opération de sauvetage alors que la seconde est consacrée au retour et au sauvetage du monde des trolls. Avec un rythme dément, des personnages toujours aussi attachants, des enjeux aboutis et des surprises en pagailles, nous avons donc toujours le droit à une série animée épiques et passionnante qui nous remplit d’enthousiasme, si bien que 13 épisodes sont bien trop courts. Vivement la suite et l’exploration de l’univers d’Arcadia dans les prochaines séries dérivées !
L’accession et l’acceptation de la couronne par Elisabeth était le point central de la première saison de The Crown. La seconde va donc nous montrer de quelle manière la vie politique et la vie privée de la reine vont se mêler sur une nouvelle période historique pour l’Angleterre. De la crise du Canal de Suez à l’affaire Profumo en passant par la rencontre avec le couple Kennedy et remises en cause de la froideur de la Reine, il y a de nombreux enjeux pour le pays qui sont passionnants à suivre. Mais ils le sont d’autant plus car ils remettent toujours la personnalité d’Elisabeth en jeu dans un rôle difficile et solitaire.
Mais la série se penche aussi beaucoup sur les personnages secondaires, en particulier son époux Philip (ses frasques, son passé, sa relation avec son fils) et sa soeur Margaret (et sa rencontre avec un homme à scandale potentiel). La série dépeint alors un portrait minutieux et rempli de failles de cette famille royale qui la rend finalement plus humaine que ce que l’on peut s’imaginer. Avec une réalisation toujours aussi luxueuse et un jeu fantastique de la part des acteurs et évidemment de Claire Foy, ces 10 épisodes sont un pur plaisir télévisuel.
Avec une arrivée sur Netflix la saison précédente, les mauvaises langues ont évidemment dénoncé le fait que Black Mirror devenait plus accessible et moins mordant. C’est vrai mais avec certains aspects positifs ou au moins mesurés de la technologie, la série a pu évoluer vers une vision plus subtile de notre avenir et dépendance aux écrans. Cette année les 6 nouveaux épisodes toujours scénarisés par ce diable de Charlie Brooker et réalisés en partie par des grands noms sont un peu plus lumineux par certains endroits, plus confus aussi et vont jouer avec l’espirt et les souvenirs. Alors certes, le discours n’est pas toujours aussi puissant qu’auparavant mais la série a toujours le grand mérite de faire réfléchir et de proposer une vision originale ou intense. On relèvera ainsi particulièrement la réalisation viscérale de MetalHead par David Slade, la mère trop envahissante d’Arkangel mise en scène par Jodie Foster ou l’évolution effrayante et touchant des applis de rencontres de Rock the DJ.