Le système est plus fort que toi
Description méthodique tout en finesse d’une société hypocrite où la corruption à tout niveau est érigée en système bien installé. Et au cœur du dispositif, un homme, intègre, affiche sa volonté dès une des premières scènes à rester droit dans ses bottes et refuse de se compromettre. Au banquier qui lui propose des facilités de crédits moyennant bakchich, il répond en vendant son véhicule préférant rembourser rubis sur l’ongle son prêt. Le décor est planté et très vite une phrase lourde de signification est lâchée et nous tiendra en haleine jusqu’au terme du film : choisir son camp, soit oppresseur soit oppressé. Et Reza, « Un homme intègre », va faire l’amer expérience de ne pas choisir toujours le bon camp et va entrainer toute sa famille dans un tourbillon. Cette corruption a été montrée récemment par le roumain Mungiu dans « Baccalauréat » et surtout le russe Zviaguintsev dans « Leviathan » ; lui, Rasoulof, malgré un sens de la distance (jamais de démonstration frontale) et de l’ellipse bien maitrisé, paie le prix fort de brulot en étant assigné à résidence et en risquant 6 ans de prison en Iran. Un talent et un courage reconnu à Cannes avec le Prix de la sélection « Un certain regard ». Tourné comme un western perse, le film est poignant, tendu et glaçant et la mécanique implacable. A chaque tentative de Reza pour échapper à la pieuvre, sa situation se corse de plus belle jusqu’à un final lourd incarné par un ultime plan sidérant. Cette réussite tient aussi à son couple de comédiens d’un charisme incroyable et d’une beauté simple. Le visage de Reza, fermé, à l’image d’un scénario empreint de raideur bascule petit à petit dans une rage contenue. Et puis contrairement au russe Zviaguintsev, Rasoulof fait vivre aussi de vrais moments de bonheur simple, d’amour et de chaleur humaine au sein cette cellule familial : un havre de paix. Et puis entre Reza et sa femme ; ce débat, un des thèmes majeurs du film : jusqu’où aller dans sa compromission avec un système pour vivre en paix ?Et pour finir : qu’a voulu exprimer le réalisateur dans sa première scène dans laquelle Reza injecte de l’alcool dans la pastèque ? On ne voie pas la pastèque mais plutôt un crâne ; comme si on instillait dans le crâne de la population qu’il n’y a pas d’autres échappatoires que le système en place. En contournant au maximum les dictats de la société des Mollahs, Rasoulof a dû maitriser tout au long du film les sous-entendus.Magnifique réussite
Sorti en 2017
Ma note: 17/20
Description méthodique tout en finesse d’une société hypocrite où la corruption à tout niveau est érigée en système bien installé. Et au cœur du dispositif, un homme, intègre, affiche sa volonté dès une des premières scènes à rester droit dans ses bottes et refuse de se compromettre. Au banquier qui lui propose des facilités de crédits moyennant bakchich, il répond en vendant son véhicule préférant rembourser rubis sur l’ongle son prêt. Le décor est planté et très vite une phrase lourde de signification est lâchée et nous tiendra en haleine jusqu’au terme du film : choisir son camp, soit oppresseur soit oppressé. Et Reza, « Un homme intègre », va faire l’amer expérience de ne pas choisir toujours le bon camp et va entrainer toute sa famille dans un tourbillon. Cette corruption a été montrée récemment par le roumain Mungiu dans « Baccalauréat » et surtout le russe Zviaguintsev dans « Leviathan » ; lui, Rasoulof, malgré un sens de la distance (jamais de démonstration frontale) et de l’ellipse bien maitrisé, paie le prix fort de brulot en étant assigné à résidence et en risquant 6 ans de prison en Iran. Un talent et un courage reconnu à Cannes avec le Prix de la sélection « Un certain regard ». Tourné comme un western perse, le film est poignant, tendu et glaçant et la mécanique implacable. A chaque tentative de Reza pour échapper à la pieuvre, sa situation se corse de plus belle jusqu’à un final lourd incarné par un ultime plan sidérant. Cette réussite tient aussi à son couple de comédiens d’un charisme incroyable et d’une beauté simple. Le visage de Reza, fermé, à l’image d’un scénario empreint de raideur bascule petit à petit dans une rage contenue. Et puis contrairement au russe Zviaguintsev, Rasoulof fait vivre aussi de vrais moments de bonheur simple, d’amour et de chaleur humaine au sein cette cellule familial : un havre de paix. Et puis entre Reza et sa femme ; ce débat, un des thèmes majeurs du film : jusqu’où aller dans sa compromission avec un système pour vivre en paix ?Et pour finir : qu’a voulu exprimer le réalisateur dans sa première scène dans laquelle Reza injecte de l’alcool dans la pastèque ? On ne voie pas la pastèque mais plutôt un crâne ; comme si on instillait dans le crâne de la population qu’il n’y a pas d’autres échappatoires que le système en place. En contournant au maximum les dictats de la société des Mollahs, Rasoulof a dû maitriser tout au long du film les sous-entendus.Magnifique réussite
Sorti en 2017
Ma note: 17/20