A ne pas confondre avec d'autres titres homonymes dont le récent "Le Grand Jeu" (2015) de Nicolas Pariser... Voilà un film sur lequel on peut lire partout qu'il s'agit du pendant de "Le Loup de Wall Street" au féminin" !... Référence récente et symbolique mais disons-le tout de go il n'y a aucun rapport à la finance ni même la flamboyance d'un Scorcese. Néanmoins on reste dans le genre du biopic American Way of Life, des destins hors normes sur lesquels Hollywood a toujours su miser. Cette fois on s'intéresse à la vie de Molly Bloom (tout savoir ICI !), ex-championne de ski reconvertie en organisatrice de parties de poker haut de gamme. Le film a reçu la participation de Molly Bloom elle-même, pour un projet qui a débuté avant même que cette dernière soit attaquée en justice. En effet elle fut déjà approchée par un producteur ce qui aboutira à une autobiographie, "Molly's Game : From Hollywood's Elite to Wall Street's Billionaire Boys Club, my High-Stakes Adventures in the World of Underground Poker" (2014). L'adaptation est signée Aaron Sorkin pour son premier film en tant que réalisateur mais scénariste déjà reconnu pour d'autres biopics, et pas des moindres, avec "La guerre selon Charlie Wilson" (2008) de Mike Nichols, "The Social Network" (2010) de David Fincher, "Le Stratège" (2011) de Bennett Miller et (2016) de Danny Boyle.
Dans le rôle principal on retrouve la sublime et talentueuse Jessica Chastain qui semble abonnée aux rôles de femmes de tête comme son dernier film le très bon "Miss Sloane" (2017) de John Madden. Son avocat est interprété par l'excellent Idris Elba qui n'aura pas joué un rôle aussi "calme" depuis (2013) de Justin Chadwick. A leurs côtés plusieurs acteurs connus dans des seconds rôles plus ou moins importants comme Michael Cera, Bill Cap, Chris O'Dowd, Brian D'Arcy James,Graham Greene... Dont plusieurs qui incarnent des personnages connus mais qui sont tout d'un coup anonymes pour les besoins du film. En effet, comme l'explique le cinéaste Aaron Sorkin : "Je connais certaines personnes décrites dans le livre et j'ai travaillé avec quelques-unes d'entre elles. Et il y en a d'autres avec qui j'aimeras travailler. Il y a aussi deux amis à moi."... "Il a toujours été important à mes yeux que l'on puisse pas jouer les détectives pour essayer de deviner qui se cache derrière tel ou tel personnage. Du coup, chacun des seconds rôles est un mélange de plusieurs personnes réelles."... Sorkin signe une nouvelle fois un scénario prenant, tirant le meilleur d'un destin intriguant et foisonnant. En prime un casting aux petits oignons dont Jessica Chastain qui en impose une fois de plus.
Malheureusement plusieurs petits détails finissent pas plomber un peu l'ensemble. On constate que le cinéaste a voulu jouer du côté sexy de Molly/Jessica mais sans jamais assumer pleinement d'où une sensation de pudibonderie. Si on comprend l'anonymat des personnalités, ça reste un film dont on nous martèle la véracité mais dont l'épilogue aggrave les conclusions. Juste pour l'esbroufe ?! Enfin, il faut bien avouer que le personnage de Molly Bloom est d'une condescendance et d'un narcissisme rarement atteint et assumé de surcroît. Si elle n'avait pas Jessica Chastain comme alter ego on la détesterait plus que ses joueurs de ses parties de poker. Mais le pire c'est cette propension à se justifier et à s'auto-psychanalyser avec l'approbation bienveillante de Aaron Sorkin. En effet, on a droit notamment à une séance express de psychanalyse longue et ennuyeuse qui a dû certainement plaire à l'égo de Molly Brown. Dommage... Et pourtant, il s'agit évidemment d'un destin qui reste inouï avec une histoire intéressante avec un degré de fantasmes élevé. Les acteurs sont excellents et le jargon utilisé oscille parfaitement pour intriguer et nous perdre à la fois. Un bon thriller, efficace à bien des égards mais assurément surestimé en tant que tel. Dans le genre on a fait bien mieux, bien plus flamboyant dans la forme, bien plus extraordinaire dans le fond.
Note :