Décider de ce que sera son histoire

Par William Potillion @scenarmag

L’écriture dramatique, c’est d’abord de prendre des décisions structurelles importantes et s’y tenir. Cela évite de déambuler en digressions plus ou moins fantaisistes.
Il y a en premier lieu une décision. Sachant que l’on peut écrire sur tout, il va falloir décider sur ce que vous voulez écrire et exclure le reste.

Et c’est une grande décision. La toute première décision que l’on doit prendre lorsqu’on a la volonté d’écrire une histoire, c’est l’idée. Et cette idée, il faut être en mesure de l’écrire. Car on peut avoir beaucoup d’idées mais n’être pas particulièrement apte à toutes les écrire. Une histoire, c’est une idée que l’on peut écrire.
Cela signifie tout simplement que certains auteurs pourraient être plus efficaces à écrire certaines histoires que d’autres à partir d’une même idée. Mais ces autres auteurs pourraient avec l’expérience écrire n’importe quelle histoire à partir de n’importe quelle idée.

Rien n’est jamais figé dans l’écriture. Par contre, il y a des idées qui peuvent sembler attirantes mais qui ne sont pas du tout dramatiques. Par quelques bouts qu’on les prenne, on ne pourra jamais en tirer une histoire.

La bonne idée pour le bon médium

On peut encore étendre ce raisonnement à la possibilité d’une idée applicable au scénario ou non. En effet, certaines idées seraient excellentes dans un roman et totalement impraticables pour écrire un scénario. C’est ainsi qu’une adaptation est une œuvre indépendante du roman dont elle s’inspire.

Pour se donner une base de réflexion, on peut estimer qu’une idée potentiellement dramatique est capable de nous fournir entre 35 et 80 scènes de conflit. Comment s’assurer de cette mesure arbitraire ?
Simplement en planifiant son projet.
Je vous conseille de lire ou de relire notre série d’articles sur l’écriture d’un scénario qui débute ici :
ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX

Un scénario, c’est une histoire qui porte en elle la possibilité d’un film. Cela implique que l’auteur est forcément limité par les exigences du médium. D’abord, un scénario est superficiel. Il ne peut décrire l’intériorité de ses personnages autrement qu’en montrant ce qui se passe à l’intérieur par des comportements, des attitudes et des postures.

C’est essentiellement un médium d’action. Et puis, on ne peut s’étendre à volonté dans un scénario contrairement au roman. La durée d’un scénario s’étend entre 95 et 125 pages environ.

Écrire sur ce que l’on connaît

Pour se lancer dans l’écriture de scénario, il est préférable de choisir une idée personnelle qui vous soit inspirée par votre propre expérience de la vie. Il n’est pas nécessaire que cela soit du vécu. Vous pouvez très bien être observateur d’événements que vous ayez besoin de dénoncer au-travers d’un monde que vous connaissez.
L’expérience découlera de vos recherches.

Ce qui est important est que l’histoire doit émerger de ce que vous connaissez parce que c’est tout simplement plus facile à écrire. Une histoire personnelle est bien plus sincère, plus profonde. Vos personnages issus de vos relations personnelles ou d’archétypes qui résonnent bien dans votre esprit seront plus convaincants et crédibles.

Soyez convaincu que votre expérience et votre point de vue sont suffisamment particuliers pour faire la différence. Et puis une histoire qui vient de vous vous permettra (enfin quelques histoires tout de même) de trouver votre authenticité, votre voix.
Et vous aurez plus de réussite auprès d’investisseurs qui œuvrent dans le cinéma indépendant avec votre écriture singulière.

A propos des recherches documentaires

Faire des recherches nécessaires sur son sujet est indispensable.
A ce propos, vous pourriez consulter :
LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE

Nos recherches permettent d’ajouter de l’authenticité à nos scènes. Par exemple, cela donnera des dialogues légitimes et crédibles dans la bouche du plombier chargé de réparer la fuite de la machine  à laver, par exemple.
Le désavantage de la recherche documentaire est qu’elle consomme énormément de temps. Elle envoie toujours vers de nouvelles informations qui nécessitent de nouvelles recherches. Et au bout du compte, nous sommes dans un véritable marécage de données et nous ne savons plus par où commencer.

Faire trop de recherches peut nous amener à trouver des excuses pour ne pas écrire. Et c’est pourtant la finalité de ces recherches. Ne retenez que celles qui soient pertinentes avec ce que vous avez à dire ou à comprendre pour le moment. Vous ne cherchez pas non plus à vous spécialiser.

A propos du genre

Parfois lorsqu’on se ment à soi-même en prétextant que l’on a rien à dire, on se réfugie dans le genre afin d’assouvir néanmoins son envie d’écrire. Ce peut être une erreur et apporter un fardeau supplémentaire parce qu’un genre exige des conventions et cela peut supplanter la logique de votre histoire.

Respecter des conventions, c’est limiter son libre-arbitre. Et surtout perdre ce que l’on sait sur la vie. Lorsqu’on se lance dans un premier scénario, se forcer sur un genre n’est pas très recommandé. Car cela ajoute de la complexité au projet.

Bien sûr, avec l’expérience, aucun genre ne devrait vous résister. Lorsqu’on est encore à la recherche de son authenticité, il vaut mieux écrire sur ce que l’on sait plutôt que de s’instruire sur les conventions d’un genre qui ne vous parle pas forcément.

Et puis soyez sûr que votre vie est bien plus intéressante que vous ne le pensez. Vous pourriez penser qu’elle est ennuyeuse. C’est faux car cela traduit seulement que vous ne vous sentez pas capable de vous mettre à la place des autres. Et c’est ce qui est important lorsqu’on écrit une histoire parce qu’il s’agit d’incarner des personnages forcément issus d’un processus imaginaire.