2018 marque le dixième anniversaire du plus gros succès du cinéma français : Bienvenue chez les ch'tis de Dany Boon. Pour fêter cela, l'une des personnalités les plus bankables du cinéma français a décidé de retourner vers ses origines pour raconter encore une fois l'éternelle histoire sur la confrontation des cultures, avec un ton plus personnel sans éviter de tomber dans la caricature.
Le constat est là après projection : La Ch'tite Famille met en abyme la vie de son réalisateur. Chacun parti de sa région des Hauts-de-France, Dany est devenu comédien et réalisateur, son avatar Valentin est devenu une star du design au détriment des souvenirs abandonnés pour mieux percer dans la capitale. A ce stade, difficile de ne pas douter de la sincérité de l'auteur où l'on peut facilement ressentir son amour et ses regrets vis-à-vis de son passé tant c'est le coeur de son film.
Malheureusement, ce qui aurait pu être une oeuvre touchante au sein de la filmographie de Boon sur les racines familiales, tombe facilement vers la bouffonnerie et les clichés les plus bas, desservant ainsi le propos à l'origine du projet. Lorsque l'on souhaite rendre hommage à ses origines régionales, la représenter avec les clichés utilisés jusqu'à la moelle sur la Région tend à penser qu'elle est vue avec le regard aussi hautain que son personnage principal au début. C'est simple : On appelle les enfants Britney, la culture semble inexistante, on y boit de l'essence et on ne mange que des fricadelles. Comme avec les Ch'tis en 2008, on peut voir que Boon reste dans la confrontation des classes car il n'épargne pas le monde de l'Art parisien avec aussi les pires clichés possibles où designer des chaises semble être une hérésie et l'art semble vain. Avec cette opposition de clichés, l'humour tombe la plupart du temps à plat comme les moments d'émotions, rendus outranciers par une sur-utilisation de la musique et du jeu des comédiens (arrêtez de donner des accents à des comédiens n'en ayant pas, par pitié).
La Ch'tite Famille donne au final un goût d'inachevé. Si on ne doute pas de la sympathie du réalisateur (entre nous, nous sommes bien loin des comédies douteuses de Christian Clavier ou Philippe Lacheau), où la bienveillance tente de cotoyer l'émotion (à voir cette séquence qui sera sans doute rassembleur rendant hommage à Johnny Hallyday) mais qui se plante en utilisant à outrance ce qui a déjà été fait, renforçant ainsi une image souvent fausse auprès de tout public.
Victor Van De Kadsye