Les Tontons Flingueurs (1963) de Georges Lautner.

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Film culte par excellence, ce film marque la première collaboration entre le réalisateur Georges Lautner et le scénariste-dialoguiste Michel Audiard, suivront 13 autres films jusqu'à (malheureusement !) "La Cage aux Folles III" (1985)... Ce film est adapté du roman "Grisbi or Not Grisbi" (1955) de Albert Simonin, roman qui fait partie d'une trilogie dite de "Max le Menteur" d'où ont été tirées deux autres adaptations fameuses avec les films "Touchez pas au Grisbi" (1954) de Jacques Becker et "Le Cave se rebiffe" (1961) de Gilles Grangier. Deux films dans lesquels ont joué plusieurs des acteurs Tontons... Simonin signe également le scénario avec Lautner tandis que Audiard s'est chargé plus expressément des dialogues, même si l'argot est déjà majoritairement dans le roman, Simonin ayant été précurseur en la matière et ouvrant la voix à d'autres dont Frédéric Dard et son San Antonio. Au casting on a donc droit à la crème de la crème avec des acteurs déjà très connus et ayant déjà tous plus ou moins déjà travaillé ensemble, soit entre eux soit avec Lautner ou Audiard.

Lino Ventura mène la danse avec Francis Blanche, Jean Lefebvre, Bernard Blier et quelques gueules bien connues (le plus souvent des acteurs à plus de 200 films au compteur) comme Venantino Venantini, Charles Régnier, Philippe Castelli, Robert Dalban, Dominique Davray, Horst Frank et Henri Cogan qui retrouvait Lino Ventura après lui avoir cassé la jambe en 1950 à la Lutte, ce qui mit fin à la carrière de Lino. Pour l'anecdote, lors du tournage, Lino donna un coup de poing réel non prévu avant de lui dire "ça, c'est pour ma jambe !"... Et en prime un jeune Claude Rich qui fera belle figure devant les Tontons et un caméo aussi judicieux que savoureux d'un certain commandant Théobald Dromard !... On suit donc Fernand Naudin, ranger des valises, qui est rappelé par un ancien ami qui le désigne comme successeur de ses affaires en prenant ainsi par surprise le reste de l'équipe. Naudin doit s'imposer en gérant également la nièce énamourée d'un blanc-bec. La grande réussite du film repose sur deux aspects, ses célèbres dialogues aux répliques tonitruantes et marquantes mais aussi, et on l'oublie, à ce savant mélange des genres entre polar et comédie, où comment flinguer avec classe et désinvolture tout en jouant aux joutes verbales savoureuses avec naturel et détachement et, sans oublier, éduquer au mieux une jeune fille pourrie gâtée.

Les dialogues mènent le rythme en offrant au moins une réplique culte à chaque scène, le tout dans un décalage souvent hilarant entre l'action et les propos. Avec en prime une musique tout aussi originale. Des armes dont le son fait sourire, et plusieurs scènes cultes dont, évidemment la célèbre et mythologique dégustation du "vitriol". Scène dont ne voulait pourtant pas Audiard ! C'est Lautner qui insista en hommage au film "Key Largo" (1948) de John Huston. D'ailleurs idem pour le titre, Audiard voulait "Le Terminus des Prétentieux"... On aura une pensée pour le Audiard réalisateur, il n'aura jamais été aussi bon qu'aux dialogues pour les films des autres ! "Les Tontons Flingueurs" est un chef d'oeuvre à tous les points de vue, culte et intergénérationnel à voir et à revoir à volonté. Et pour conclure, voici quelques répliques à savourer :

" Non mais t'as déjà vu ça ? En pleine paix ! Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère... J'vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va l'retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m'en fait trop, j'correctionne plus : j'dynamite, j'disperse, j'ventile ! "

" Alors, il dort le gros con ? Ben il dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban... Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère... au terminus des prétentieux... ".

" C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ! "

" Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. "

" Touche pas au grisbi, salope ! "

" J'ai connu une Polonaise qui en prenait au petit déjeuner ".

Note :