Conspué au dernier Festival de Cannes, bien que le Jury ait décidé de récompenser Diane Kruger, In The Fade sort cette semaine sur nos écrans. Et si le film laisse à désirer sur son traitement, difficile de ne pas reconnaître la force de Diane Kruger.
On l'attendait comme le The Last Face de 2018, un an après la sortie du mythique mauvais film de Senn Penn décriée à Cannes, mais le nouveau film de Fatih Akin se montre plutôt comme un semi-ratage tragique. Cette histoire de justice menée par Diane Kruger, récompensée à Cannes pour ce rôle, peine à trouver grâce et justesse faute à une mise-en-scène beaucoup trop grossière pour qu'on y croit une seule seconde. Akin sur-esthétise cette tragédie à l'excès, quitte à tomber dans l'image racoleuse la plus maladroite au possible comme dans cette séquence où une fois que l'héroïne pourtant à l'abandon dans une baignoire remplie de sang, se relève au ralenti lorsque le répondeur de son téléphone annonce que les suspects ont été arrêtés et sont néo-nazis. Les plans sont si fabriqués qu'ils nous sortent du drame qu'il tente de raconter.
Car si In The Fade tente de convoquer des sujets d'actualités difficiles, notamment du spectre du nazisme encore présent aujourd'hui, il le fait avec toutes les maladresses possibles à son égard. On a notamment droit à une leçon d'auto-justice plus que douteuse, à des grossissements de traits binaires que l'on peut éventuellement accepter dans le cadre et dans la position du personnage de Diane Kruger en quête évidente de justice mais qu'Akin appuie toujours avec une lourdeur irritante en trois parties intitulés de manière pompeuse.
Le film suscite uniquement l'émotion la plus vibrante dans l'interprétation de Diane Kruger. Présente à touts les plans, son personnage cristallise chacune de nos émotions face aux événements. Sa colère, sa tristesse, ses rares moments de bonheur, c'est même assez dingue de constater que son jeu est le seul point modeste du film.
Alors, non, on peut vous assurer qu' In The Fade n'est pas la lie du cinéma tant annoncé par la profession depuis plusieurs mois. Oui, il est clair qu'un film comme The Square ou Faute d'Amour mériterait mieux un Oscar du meilleur film étranger que celui-là. Et oui, Fatih Aukin a signé un film pompeux et maladroit. Mais parfois, on veut bien faire les choses, émouvoir les gens et on y arrive tout en glissant sur des peaux de bananes tout le long du chemin. In The Fade fait parti de ces films-là.
Victor Van De Kadsye