Le réalisateur Fatih Akin se lance dans un mélange des genres encore brûlant de notre actualiét contemporaine puisqu'il a écrit le scénario après les meurtres commis en Allemagne contre des turcs par des néo-nazis (procès toujours en cours). Rappelons que Fatih Akin, réalisateur de (2001), "De l'autre Côté" (2007) et "Soul Kitchen" (2010), est lui-même d'origine turque et qu'il a des ramifications familiales et amicales dans les quartiers visés... Pour ce projet le cinéaste a fait appel à une compatriote, l'actrice allemande Diane Kruger, qui trouve pourtant là son premier rôle et son premier film allemand ! Elle incarne donc Katja qui va perdre son mari et son enfant dans un attentat. Au casting on notera le retour de l'acteur allemand Ulrich Tukur qu'on avait plus vu depuis le film français "Week-ends" (2014) de Anne Villacèque.
Pour ce film Fatih Akin a découpé l'histoire en trois parties, l'attentat, le procès et l'épilogue, et pour ce faire le cinéaste avoue s'être inspirée pour chaque partie des films "The Murderer" (2011) de Na Hong-Jin, "Le Procès" (1962) de Orson Welles et "Music Box" (1990) de Costa Gravas. D'abord, Fatih Akin en profite pour dénoncer le racisme ambiant mais de façon aussi caricatural que facile. D'abord par la présence du nazisme, soit, mais aussi par une enquête de police qu'il suggère en proie à un racisme "ordinaire" alors que l'enquêteur ne pose toujours que des questions légitimes au vu du passif de l'époux. Avec un tel passif les questions pour un allemand blanc n'auraient pas été différentes ! Un angle de vue partisan, gratuit et dangereux. Il aurait alors fallu s'abstenir d'en faire un délinquant... Ensuite vient le procès, dont le verdict invraisemblable finit par nous laisser perplexe. S'il fallait un tel dénouement il aurait fallu créer un dossier plus bancal que ce qu'on peut entendre dans le film, qui reste particulièrement à charge.
Et enfin, l'épilogue dont les incohérences sont trop nombreuses. D'abord, après un coup de téléphone on s'interroge sur la chronologie (verdict, voyage, enquête... etc... avant de faire appel ?!). Sans compter, bien sûr, l'aspect psychologique de la victime héroïne. Quel dommage, on voit pourtant où veut en venir le cinéaste en pointant notamment les lacunes juridiques même si c'est de façon grossière et maladroite comme sur la question du racisme. Niveau mise en scène Akin signe quelques passages particulièrement marquants comme la scène de la baignoire, et quelques gros plans déchirants sur les visages marqués. Mais finalement le seul point fort, le seul bonus du film reste la performance inouïe de Diane Kruger, qui n'aura pas volé son magnifique prix au dernier festival de Cannes. Un film bancal donc, trop maladroit dans le fond pour convaincre pleinement.
Note :