[Critique] – « Ami-Ami » – Victor Saint Macary

[Critique] – « Ami-Ami » – Victor Saint Macary

Un duo d'amis mis à l'épreuve lorsque la frontière entre amitié et amour se trouble, on l'a maintes fois revu au sein de la fiction. Mais quand ce duo débarque pour dynamiter la comédie française, cela provoque la franche réussite de Ami-Ami, premier film de Victor Saint Macary.

Ce que raconte Ami-Ami peut nous sembler évident avant même de voir le film : Vincent (William Lebghil) galère dans le mensonge en vivant avec Néféli (Margot Bancilhon), sa meilleure amie tout en débutant une relation amoureuse avec Julie (Camille Razat). L'enjeu va évidemment se corser par des quiproquos, des rencontres hasardeuses et de mensonges. Un scénario classique dans son déroulement, donc. Pourtant, le film détonne dans le paysage par une contemporanéité non seulement sociétale (On évoque des choses dans l'ère du temps tels que les Vélibs ou Tinder, le film parle des éternels clichés dans l'amitié homme-femme) mais aussi dans son écriture.

Car très certainement inspiré par Judd Apatow pour le cru des situations (Un discours sur l'art de l'érection évoque la dispute entre Leslie Mann et Paul Rudd ouvrant 40 Ans : Mode d'emploi), Victor Saint-Macary apporte un soin particulier à apporter un dosage ajusté à ses personnages baignant dans le doute et l'insécurité. Vincent et Néféli sont des jeunes de la vie de touts les jours, où la déconne constante dissimule une insécurité étouffante. Entre difficulté de trouver du travail et la maladie des proches, on y retrouve ces motifs propres aux personnages d'Apatow sans que cela passe pour une influence flagrante. L'écriture très soignée, truffée de gags visuels et de simples expressions pour se détonner (l'expérience tête de garage risque de devenir culte), l'auteur de Ami-Ami semble bien parti pour devenir une tête montante de la comédie française avec son comparse Thomas Cailley, scénariste du film et réalisateur du magnifique Les Combattants.

Quand on ajoute en plus des comédiens parfaits (on a parlé de William Lebghil et Margot Bancilhon, mais comment oublier Jonathan Cohen, prodigieux dans l'art de la punchline absurde ?), il y a de quoi être pleinement satisfait de ce premier film touchant pour son identification facile et son amour des personnages. A voir entre amis-amis.

Victor Van De Kadsye