Wind River est le nom d’une réserve amérindienne dans laquelle une jeune squaw est morte mystérieusement nus pieds dans la neige au milieu de nul part. Et c’est parti pour une enquête policière scénaristiquement très classique sur fond de réalité sociale et du quotidien des indiens vivant dans les réserves entre alcool, drogue, violence, précarité et isolement des grands centres économiques. Une sorte d’Etat sous administré au sein même de cette grande puissance que sont les Etats-Unis. On est loin d’un angélisme et d’un folklore longtemps retranscrit par le cinéma lorsqu’il traite de ces populations ; là, on est dans le dur, dans le vrai ; une sorte de prison à ciel ouvert. S’émanciper et faire sa vie en dehors de la réserve est quasi inaccessible ; pas d’ascenseur social. Par contre, ils vivent dans un environnement magnifique. Les montagnes enneigées du Wyoming sont filmées avec un esthétisme extrême ; le chef op’ Ben Richardson avait déjà œuvré sur « Les bêtes du sud sauvage » et magnifié les bayous de Louisiane… et pour partie, c’est certainement ce qui permis au film d’obtenir le Prix de la mise en scène « Un certain regard » à Cannes. Ensuite l’intrigue respecte gentiment les codes du genre, mais sans plus de ressort. La résolution de l’enquête sous forme d’un flash-back inattendu, sec et brutal est une superbe trouvaille même si l’accélération de la narration semble un peu bâclé et tombé comme un cheveu sur la soupe. Taylor Sheridan enchaine alors avec une fusillade incroyable et digne de Peckinpah ; mise en scène magistrale digne du Prix reçu à Cannes. Un bon polar accrocheur avec quelques fulgurances dont le témoignage sociétal de l’épilogue sur le statut de laissé pour compte des amérindiens. Cet épilogue fait froid dans le dos.
A voir car réalisé par le scénariste de deux bons polars récents : « Comancheria » et « Sicario »Sorti en 2017Ma note: 14/20