Personnages : la relation a l’autre

Par William Potillion @scenarmag

Nos vies sont connectés par des centaines de fils. Il est important dans la création de personnages de comprendre comment ceux-ci pensent leur relation à l’autre, comment ils l’influencent. Le rapport à l’autre est certainement le fondement sur lequel se construira une histoire.

Il était une fois un homme dont la seconde femme était vaniteuse et égoïste. Les deux filles qu’elle avait eu d’un premier mariage étaient à l’image de leur mère. La propre fille de l’homme, cependant, était douce et généreuse.
Cette jeune fille apprit très vite à obéir à la marâtre, de ravaler les insultes et surtout de ne rien faire qui pourrait éclipser les deux sœurs et leur mère.

Mais un soir, grâce à sa marraine, elle eut l’occasion de participer à un grand bal. S’échappant ainsi de sa situation misérable, elle attira l’attention d’un prince charmant.
Mais, plus tard, lorsque le prince revit Cendrillon dans l’état que sa belle-mère et ses demi-sœurs aimaient la voir, le prince ne la reconnut pas.
Ce conte de fées est-il invraisemblable ? Non. Parce qu’il nous demande d’accepter la volonté de la situation. Dans un cas, Cendrillon est docile et peu séduisante. Et dans l’autre, elle se sent belle et attrayante. Elle traverse la foule et sourit.

Des êtres en situation

C’est ce qu’affirme Jean-Paul Sartre. Les êtres humains sont avant tout des êtres en situation. Nous ne pouvons nous différencier des situations dans lesquelles nous sommes régulièrement projetés. Ces situations nous forment et décident des possibilités que les circonstances nous offrent.

Lorsque nous observons les gens, la plupart du temps par intuition, nous avons une idée de comment les êtres humains pensent, influencent et se situent par rapport aux autres.
Des études ont été menées à ce sujet. Un ensemble de principes expliquent et prévoient des comportements validés par la simple observation des faits ou par des expériences qui permettent d’établir avec une belle certitude des comportements prévisibles.

C’est par exemple ce qu’a fait Elisabeth Kübler-Ross en décrivant les cinq étapes du deuil.
Voir à ce sujet
LE PROBLEME MAJEUR DU PERSONNAGE PRINCIPAL

De même, si vous tentez de vous renseigner sur des comportements agressifs, par exemple, vous rencontrerez certainement des théories pour prédire quand s’attendre à une agression et comment la contrôler. Vous pourrez ainsi mettre en pratique dans votre scénario un comportement typique d’agression et les réactions possibles à celle-ci comme autant d’hypothèses pour vous ouvrir des possibilités narratives.

Nous pouvons aussi déduire de nos observations et des théories qui les expliquent comment des individus au sein d’une foule perdent leurs inhibitions et commettent alors des actes immoraux.
Nous pourrions aussi nous interroger sur la puissance de l’anonymat pour altérer des actions qui ne se produiraient pas à visage découvert. Le masque pourrait être un symbole qui recouvre l’animalité prédatrice de certaines natures humaines.

Ainsi, nous pourrions écrire quelques scènes qui mettent en pratique nos hypothèses. Alors comment s’assurer que ce nous écrivons est plausible ?
Lorsque nous recherchons des informations sur un comportement donné au sein d’une relation, ce sont avant tout des théories que l’on lit. Une bonne théorie qui permettrait alors de concrétiser des situations plausibles résumerait ainsi de nombreuses observations.

Une fiction copie la vie. En observant des moments de la vie réelle, nous pouvons inventer des moments fictifs vraisemblables. C’est comme si nous explorions un comportement en recréant la vie.