Hugh Jackman rime avec the Greatest Showman. Et si l’acteur peut bien en revendiquer le titre, le film est par contre une véritable catastrophe pour les yeux et les oreilles, vide de sens. Bon courage !
Comme souvent, à l’origine, il y a une idée originale et pleine de sens. Faire un biopic largement romancé et complètement musical sur le légendaire PT Barnum, l’homme d’affaire et showman à l’origine du grand cirque portant son nom. Le projet est en route dès 2011 avec Hugh Jackman en producteur et 1er rôle alors que le débutant issu des effets visuels Michael Gracey se voit offrir le poste de réalisateur. Mais depuis 2011, le film était en development hell, peinant à trouver des chansons convenables et ce n’est qu’en 2016 que le projet a pu avancer. Et comme souvent, quand on fait réchauffer le plat trop longtemps, ça fini en bouillie.
The Greatest Showman débute ainsi sous les coups de tambour et une grosse chanson pop bien lourde qui illustre le leitmotiv du film, le spectacle. Puis bascule directement sur l’enfance et le début de romance entre Barnum et celle qui est bien entendu destinée à être sa femme, peu importe les galères. L’intrigue se déroule alors à vitesse grand V, Barnum perd son job mais va rebondir en créant son cirque, recrutant au passage des freaks fort sympathique. Le succès est au rendez-vous mais, oh gros dilemme, Barnum va laisser parler son envie de montrer tout ce qu’il peut faire au lieu de prendre soin de sa famille et de exclus à qui il a offert un toit.
L’ennui, c’est bien que tout cela se déroule tout seul, sans jamais s’attarder sur une certaine dramaturgie. Pire, absolument tout est prévisible et consensuel, de la cantatrice manipulatrice à la romance soft entre le jeune premier Zac Efron (dont on ne mesurera pas le charisme face à Jackman) et Zendaya. Et on regrettera d’ailleurs le fait de faire appel à des actrices aussi talentueuses que Michelle Williams et Rebecca Ferguson si c’est pour leur donner des rôles aussi pauvres.
Et si certains voient ici un film sur la tolérance, force est de constater que le message passe clairment au second plan tant les freaks ne sont jamais considérés. En effet, leur arc ne se développe qu’en vague arrière plan avec une seule petite chanson qui leur est consacrée. Jamais ils ne sont mélangés à la population normaleet jamais nous n’avons l’impression que ce combat est central pour eux ou pour les autres personnages. Zac Efron tombe amoureux d’une acrobate canon et pas d’une femme à barbe, la cantatrice aurait pu jouer un rôle pour faire tomber les frontières mais ce n’est pas exploité, bref, restons tous chacun de notre côté, on a vu mieux pour prôner le vivre ensemble.
Si le fond était absent mais compensé par un certain savoir-faire technique et des chansons de qualité, le spectacle aurait tout de même été digeste, mais c’est loin d’être le cas. D’abord, graphiquement, le film est assez laid dès qu’il convoque les effets visuels avec des fonds verts, des décors rajoutés et une photo saturée dans tous les sens qui confine au kitch non assumé.
Mais surtout, les chansons sont de véritables bouillies sonores. Avec leur côté pop, leurs voix poussées à fond, un gros renfort de basse et batterie, des choeurs, un mix déplorable, toutes les chansons se ressemblent et n’apporte aucune personnalités aux différentes scènes. Il n’en ressort qu’un ensemble de clips mal tournés et complètement uniformes et assourdissants.
Finalement, la seule chose qui pourra sauver the Greatest Showman, c’est juste Hugh Jackman. L’acteur australien se donne complètement pour emporter le public avec lui et il faut bien tout son sens de l’entertainement et son capital sympathie pour nous happer. Mais c’est même parfois de trop, devenant alors le Jackman Show. Bref, vous l’aurez compris, on tient là le premier désastre de l’année.