Après une petite sortie de route à Hollywood avec "Hollow Man" (2000) le réalisateur néerlandais fit retour sur le Vieux Continent et surtout, retour dans osn pays natal après 22 ans de cinéma américain. C'est ainsi qu'un retour à des normes moins "industrielles" lui permit de se lancer dans le projet du "Carnet Noir". Paul Verhoeven co-écrit le scénario avec son fidèle Gérard Soeteman d'après plusieurs témoignages et d'après le livre autobiographique "Inside the Gestapo : a Jewish Woman's Secret War" (1985) de Hélène Moskiewiez. Si ce film n'est ni une réelle adaptation, ni biographique, le récit est un mixte de plusieurs histoires vraies et notamment le fait que le Carnet Noir ait réellement existé comme l'explique le scénariste Gérard Soeteman : "Ce fameux petit carnet noir était tenu par Mr de Boer, un avocat de La Haye qui fut abattu dans la Goudenregenstraat juste après la guerre. On n'a jamais retrouvé ses assassins. Durant l'occupation, de Boer s'était efforcé d'aboutir à un accord entre le commandement allemand à La Haye et la Résistance, afin de limiter les effusions de sang. Chaque fois que les Résistants liquidaient dse genes, les allemands prenaient des otages dans la rue et les fusillaient sur le champ."...
Dans le rôle de la juive qui infiltre la gestapo le choix s'est porté sur l'actrice néerlandaise Carice Van Houten qu'on reverra sur la même période 39-45 dans "Walkyrie" (2008) de Bryan Singer et que, maintenant, tout le monde connait comme la Dame Rouge dans la série TV "Game of Thrones". Dans ce dernier film de Singer, l'actrice y retrouvera ses partenaires Christian Berkel et Halina Reijn (qui est aussi sa meilleure maie à la ville). Dans la série médiévale Van Houten retrouvera également l'acteur Michiel Huisman (Daario Naharis). Le chef de la Gestapo est lui incarné par l'acteur allemand Sebastian Bloch qui était alors au sommet de sa carrière puisqu'à la même période il connut la reconnaissance internationale avec le sublime "La Vie des Autres" (2006) de Florian Henckel Von Donnersmarck". On reconnaitra aussi le jeune Matthias Schoenaerts avant d'être révélé par (2011) de Michael R. Roskam. Enfin, le cinéaste retrouve l'acteur Derek de Lint qu'il avait fait tourner dans "Le Choix du Destin" (1977) qui traite de la même période. D'ailleurs, sur ce film, Verhoeven précise qu'il a voulu faire un film plus réaliste et provoquant, en montrant des atrocités et des ambigüités rarement vus au cinéma. Si le réalisateur a parfois eu des difficultés à mener à terme certains projets à Hollywood, cette fois, pour ce film, il a réussi à réunir un budget de 18 millions d'euros soit le plus gros budget du cinéma néerlandais.
Une somme mise à bonne contribution car un film historique impose évidemment une reconstitution d'époque de taille. Sur ce point c'est parfait avec en prime une magnifique photographie. Film de guerre, drame historique mais aussi film d'espionnage et histoire d'amour, le film est aussi un portrait sans fard d'une période où personne n'est noir ou blanc, où le manichéïsme est un concept complètement utopique. Verhoeven montre des parts bien sombres de cette période et remue le couteau dans la plaie en rappelant que oui il y avait des anti-sémites dans la Résistance, que non tous les allemands ne sont pas à mettre dans le même panier, oui les alliés sauvaient des responsables nazis s'ils rejoignaient la lutte anti-communiste qui allait s'ouvrir en Guerre Froide... etc... Outre la belle reconstitution et les performances d'acteurs il faut saluer le travail sur le scénario qui explore plusieurs thèmes sans départir d'une ligne directrice digne d'un thriller. On sera marqué par quelques scènes qui, pour la plupart, ne sont pas des plus agréables dans l'inconscient collectif. Un grand film à voir et à conseiller.
Note :