Comme des enfants, deux adultes vont se quereller pour une broutille (une installation de gouttière). Comme un enfant, un réalisateur va filmer cela sans aucune notion de cinéma.
Rien ne présageait la catastrophe que serait cette Insulte. En observant l'ampleur que peut prendre une insulte raciste dans un climat étouffé par la chaleur et les tensions entre les Palestiniens et les Libanais, Ziad Doueiri se montre efficace pour annoncer quelque chose d'excitant dans ses premières minutes. Le contexte nous est présenté dans les moindres détails, entre tensions politiques et situations sociales des protagonistes (l'un s'apprête à être père tandis que l'autre dirige un chantier important), pour que cela explose en pleine figure du réalisateur.
Passé le premier quart d'heure, l' Insulte se fait aussi au cinéma puisque Doueiri se trouve incapable de monter un plan. Ce qui explose surtout dans le film, ce n'est pas la tension provoquée par ce procès potentiellement haletant, mais la prétention. Car impossible de saisir la portée précieuse que pourrait avoir ce long-métrage sans qu'une mise-en-scène pompeuse dessert totalement son propos. Plans hélicoptères, musique pompière, personnages caricaturaux (horrible avocat...) et rebondissements dignes d'une mauvaise série TV (il faut savoir que Ziad Doueiri est le réalisateur de Baron Noir) : Rien n'échappe à la grossièreté de ce film informe.
Si le film se conclue sur une note d'espoir bienvenue quant aux rapports de nos deux personnages principaux, il n'empêche qu'il se loupe concrètement dans la manière de raconter une histoire qui ne méritait pas tant de superflu cinématographique.
Victor Van De Kadsye