18e film de l’univers cinématographique Marvel, Black Panther nous présente plus qu’un nouveau héros, un roi avec son propre univers. L’occasion aussi pour Marvel de montrer un film avec plus de consistance qu’à l’habitude grâce à un réalisateur impliqué. Une belle réussite.
Après une introduction efficace dans Captain America Civil War, il est donc temps de s’attarder sur le personnage et l’univers de Black Panther. Un choix osé pour Marvel qui, ainsi, ne présente pas le premier film d’envergure sur une super-héroïne, mais sur un super-héros noir. Il y avait certes eu Blade auparavant, mais c’est bien la première fois qu’un studio mise autant d’argent sur un personnage de couleur et le met ainsi à la même hauteur que d’autres héros maintenant icôniques commes Iron Man.
Et pour porter ce nouveau symbole à l’écran, le studio mise sur Ryan Coogler. Un choix qui fait sens puisque le réalisateur monte en puissance depuis le succès critique et public de Fruitvale Station et Creed et surtout apporte toute sa crédibilité au projet qui met ainsi fortement en avant la culture africaine et ose aborder le « black lives matter » dans un blockbuster.
Le Martin Luther King de Marvel
Car oui, d’une certaine manière, derrière ces airs de grosse production, le réalisateur n’oublie pas le fond. Mais reprenons aux bases de l’histoire. Après avoir repris le costume de son père dans Civil War, T’Challa rentre donc dans son royaume du Wakanda mais son arrivée sur le trône est aussi l’occasion pour un ennemi issu d’une erreur du passé de surgir et de tenter de renverser le pouvoir en place.
C’est donc une intrigue plutôt politique qui va se mettre en place. Avec certes quelques ingrédients d’espionnage à l’image d’une séquence au casino de la course poursuite qui s’en suit, mais ce sont les ingrédients d’une lutte de pouvoir shakespearienne qui va nous interroger. Deux visions de la sauvegarde de la culture noire vont s’affronter, celle de T’Challa qui va apprendre comment ouvrir au mon exterieur son royaume jusqu’ici gardé secret, et celle de Killmonger (impeccable Michael B Jordan) qui souhaite que son peuple prenne les armes pour mettre fin aux injustice.
Un affrontement qui n’est pas sans rappeler la vision de Xavier et Magneto chez les X-Men (pour la référence comics) ou évidemment de Martin Luther King et Malcom X et cet aspect est plutôt bien rendu, apportant à son méchant une certaine consistance, et son film une profondeur et une prise avec le monde finalement rare chez Marvel.
Wakanda Forever !
Comme toute origin story, Black Panther se doit aussi de présenter son univers. Et ce de côté, le Wakanda est formidablement bien représenté, entre respect de la culture africaine et de ses traditions et les hautes technologies apprivoisées qui en font une nation à la pointe même si son équilibre reste fragile. Loin du toc d’Asgard, le Wakanda est un pays que l’on visite et dont nous découvrons de nombreux aspect au fur et à mesure des rencontres de personnages.
De ce côté d’ailleurs, le film est aussi riche et fort. Car à côté de T’Challa, on ne retrouve que des femmes de caractère. Que ce soit la bien aimée Nakia qui va d’office au front, la soeur surdouée ou toute la garde du Dora Milaje, les femmes montrent ici toute leur force de caractère et se battent d’égal à égal, faisant presque passer le cabotin Andy Serkis et plus discret Martin Freeman pour des amateurs et volant même souvent la vedette à Chadwick Boseman.
Quelques coups de griffes manqués
Cependant, si son univers, ses personnages et son propos apportent une véritable profondeur à ce film Marvel, le film n’est pas exempt de quelques défauts. Ainsi, les quelques touches d’humour apportées font rarement mouche (on est bien content que le film reste dans l’ensemble très sérieux) et le personnage principal souffre un peu de l’ombre de tous les personnages secondaires. On pourra déplorer également le suspense artificiel puisque l’on sait que l’on retrouvera le personnage dans le prochain Avengers. Et enfin, côté réalisation, si l’on appréciera la caméra sans cesse en mouvement qui apporte une dynamique permanente au film (on ne voit pas les 2h15 passer), elle sera parfois à l’origine de quelques bonnes intentions arrivant à un résultat passables dans certaines séquences d’action (le faux plan séquence du casino apporte ainsi une dynamique mais se révèle assez horrible à regarder).
Dans l’ensemble, ce Black Panther est donc une belle réussite pour Marvel, imposant un nouveau pan de son univers avec de la consistance et un véritable engagement qui fait plaisir à voir pour fêter les 10 ans du studio ! Et vivement le retour de la panthère dans Infinity War. Wakanda Forever.