De : James Gray.
Avec : Charlie Hunnam ( Sons of Anarchy, Crisom Peak), Sienna Miller ( A vif, Goodbye Christopher Robin), Tom Holland ( Billy Elliot, Spiderman ), Robert Pattinson ( Good time, Cosmopolis).
Synopsis : L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…
Film que je n’avais pas du tout entendu parler jusqu’à sa diffusion à la télévision. Grossière erreur de ma part manifestement. D’une parce que c’est remarquablement bien écrit. Une fresque historique d’un pays, d’un homme d’un explorateur comme on en fait plus.
Un fils soucieux de restaurer l’honneur de sa famille, de laver son nom. De réussir là où son père a manifestement échoué. L’alcool, les dettes de jeu troqués pour la bravoure, la reconnaissance et l’aventure. Une obsession, une addiction pour une autre au final. Transmise de génération en génération il semblerait. Avec sa part de risques aussi. L’honneur vaut-il le prix de toute une vie ?
De deux, l’interprétation. Charlie Hunnam loin de son personnage de Jax Teller quoique toujours hanté par l’héritage laissé par le paternel. L’envie de faire mieux pour lui-même, sa descendance et son pays. Un jeu de part et d’autre qui loin de lasser met en lumière une autre facette du talent de l’acteur. Il est clair qu’il n’a pas dit son dernier mot. Sans oublier, Robert Pattinson hypnotique et quasi méconnaissable pour un œil non averti.
On dit souvent que derrière chaque grand homme, il y a une femme. Une épouse, une mère tapie dans l’ombre de son mari. On devrait plutôt dire que ces hommes ne pourraient être ce qu’ils sont sans le concours précieux de celles qui partagent leurs existences. L’air de rien, Sienna Miller l’épouse de Percival à l’écran est l’une de ces femmes. A mettre ses besoins, ses envies en sourdine pour l’homme qu’elle aime. Elle qui pourtant s’était toujours permise voir vanter d’être libre et de dire ce qu’elle voulait. Dans une Angleterre où la femme relayée aux seconds plans doit souvent se taire et enfanter. Faire naître une nation entière de patriotes et d’éternelles femmes ( soumises ) au foyer.
Un mariage en avance sur son temps. Où la pensée unique, la suprématie de la race blanche font loi sans parler d’esclavagisme. Des dégâts irréversibles conduisant à l’extinction de civilisations entières. Parce que l’homme soi-disant civilisé dans toute sa puissance a voulu élever des populations jugées primitives, arriérées. Si ce n’est les assujettir toujours un peu plus sous le joug et sceau coloniales.
Pour autant, le film peut paraître presque non violent d’un bout à l’autre. Pari qui se veut risqué voir absurde vu le contexte dans lequel évolue l’histoire. Cependant, le film se veut avant tout psychologique que ce soit dans les contrées anglaises qu’amazoniennes. L’Homme est le même ou presque. Poursuivi par les mêmes rêves, quêtes et buts. La découverte, le dépassement de soi dans des contrées inconnues, sauvages. L’éveil dans le regard de l’autre, le partage, l’échange. Cette curiosité intellectuelle qui pousse toujours l’homme hors de chez lui, hors de sa zone de confort. L’amenant à prendre des risques mais aussi à rencontrer l’autre tout simplement si ce n’est lui-même.
Cette connaissance qui amène à la reconsidération de ce qui a été nôtre. Notre vérité ; notre environnement celui dans lequel nous avons toujours évolué. Ce qui était caché, tu ou encore oblitéré par des siècles d’obscurantisme, d’éducation contrôlée. L’héritage familial tout comme sociétal est lourd à délaisser.
The lost city of Z c’est aussi l’éveil d’une profession et de tant d’autres qui vont suivre dans une Angleterre en pleine mutation. L’expérience mise au profit au service de tout un pays, si ce n’est de l’histoire de l’humanité. Le tout signé James Gray, l’un des plus grands narrateurs du cinéma actuel. En un mot, inoubliable.