Depuis quelques années, on trouve deux éléments incontournables dans la sélection officielle de la Berlinale : au moins un film documentaire et au moins un film traitant de la question des migrants.
Cette année, les programmateurs ont fait d’une pierre deux coups avec Eldorado.
Le film de Markus Imhoof expose les conditions d’accueil des migrants en Italie et les difficultés rencontrées par ces derniers lorsqu’ils veulent continuer leur périple vers d’autres pays d’Europe, et notamment sa Suisse natale. Le cinéaste entremêle les images contemporaines avec ses souvenirs d’enfance, quand, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, ses parents avaient accueilli une jeune réfugiée italienne, Giovanna. Il s’est alors lié d’amitié avec la jeune fille, mais les changements de politique en matière d’immigration les ont maintes fois séparés.
Ceci lui permet de questionner les politiques contemporaines d’accueil de migrants, en Suisse et en Europe, de pointer l’absurdité du concept de frontières, surtout dans un monde globalisé et dématérialisé, de questionner sur l’utilité des flux migratoires dans un pays à la population vieillissante et en manque de brassage génétique.
Le propos n’est pas inintéressant, mais on reste un peu sur notre faim. Déjà parce que ces thèmes ont déjà été abordés de différentes manières, au cinéma ou à la télévision, notamment dans l’Ours d’Or 2016, Fuocoammare et que le cinéaste n’apporte aucun éclairage nouveau sur la problématique des migrants – les mêmes images des bateaux surpeuplés, de migrants déshydratés, de sonar pour repérer les embarcations ou les hommes à la mer…
Et ensuite parce qu’au vu du titre, on s’attendait plus à une étude sur le décalage entre ce que les migrants viennent chercher en Europe et ce qu’ils trouvent vraiment. La question est, étrangement, juste survolée par le cinéaste. Finalement, c’est en rappelant que certaines familles telles que la sienne, avec des racines sur tous les continents, ont su tirer parti de leurs origines et faire de leur multi-culturalité une richesse qu’il retombe un peu sur ses pattes. La richesse née du mélange des cultures, il est peut-être là, le véritable Eldorado…