"Philippe Petit" crédit: Alan Welner/AP
Biopic sur le funambule français Philippe Petit, célèbre pour avoir joint en 1974 les deux tours du World Trade Center sur un fil, suspendu au-dessus du vide.
The Walk – 28 Octobre 2015 - Réalisé par Robert Zemeckis
C'est quand même triste, qu'il faille un américain pour mettre en scène le biopic d'un Français. Ceci dit, le dit français, Philippe Petit n'a jamais eu la reconnaissance qu'il désirait chez nous, alors qu'aux USA, après son petit numéro entre les deux tours jumelles du World Trade Center sa cote explosa, tandis que chez nous il reste inlassablement un inconnu ! Une chance alors pour lui s'offre de voir son exploit phare envahir les écrans de cinéma français, avec un film « The Walk », sous la caméra bienveillante de Robert Zemeckis.
Philippe Petit est un artiste qui fait des rues de Paris son aire de jeu, ou il exerce avec une certaine dextérité son don naturel pour divertir les gens. Mime parfois, jongleur de temps en temps, ou encore équilibriste, il enchante les uns et fait courir la police. Une vie de bohème que ces parents ne veulent plus et Petit se retrouve ainsi à la rue. Il trouve refuge auprès d'un Cirque, ou le gérant, funambule confirmé, lui apprend les rudiments de cet art aussi risqué qu'impressionnant. Philippe se révèle très doué et lors d'un passage chez le dentiste, il tombe sur un magazine qui parle de la construction des tours jumelles. Fasciné par cet ouvrage hors du commun, il décide qu'il traversera sur un filin la distance séparant les deux tours. L’œuvre future d'un artiste qui ne demande qu'a s'accomplir !!!
La traduction du titre d'un film n'est pas toujours heureuse, mais de temps à autre comme ici, cela rajoute un supplément non négligeable, celui de vous indiquer ce dont va vous parler le film, à savoir rêver plus haut, toujours plus haut ! Cela résonne presque comme un mantra, mais aussi comme un défi et une mise en garde, un message que Zemeckis s'approprie pour parler aussi bien de cet excentrique français, que de lui et de son rapport à l'art qu'est le cinéma !
Le scénario écrit par Zemeckis en personne, se concentre sur sa quête du « World Trade Center » et sur les prémices l'amenant jusque là ! Construit comme un immense flashback, on suit les pas de Philippe Petit dans sa construction d'artiste de rue, une vie de bohème enivrante mais aussi pleines de dangers, qui pousseront toujours Petit vers les sommets. Et peu à peu une sorte d'aliénation va se greffer à son projet, une abnégation qui dépassera les limites de la normalité. Petit ne pense plus simplement à sa future tentative, il vit chaque instant avant même qu'il ne se produise, vérifie chaque étapes deux fois, se concentre deux fois plus … Quitte à se renfermer sur lui ! Un cheminement qui n'est pas sans rappeler (j'imagine) la production d'un film, ou le réalisateur atteint une sorte de plénitude une fois que le premier coup de clap est donnée sur le plateau, laissant ainsi derrière, des mois et des mois de stress, de tension et d'incertitude !
Quant à la réalisation, Robert Zemeckis nous transporte dans les années 70 avec entrain et malice. Il n'hésite pas à nous gratifier de vieux tubes français et de l'usage du noir et blanc pour mieux nous rappeler les fondements de ces arts de rues ! L'image est belle, les compositions sont travaillées et le travail du chef op Dariusz Wolski rend justice à cette époque là, ce qui s’avère crucial dans le dernier tiers du film, celui qui se passe sur les tours jumelles. Un dernier acte absolument dantesque, ou les tours jumelles reprennent vie grâce à la magie du numérique et ou Zemeckis rend hommage à ce qu'elles furent pour un homme, nous plongeant au plus près d'elles, avec des plans qui vous donneront le vertige ! Tout comme cette séquence avec Joseph Gordon-Levitt sur le filin, un pur instant de grâce …
L'art ne tient qu'a un fil !
Affiche de Michael Lee Graham