Discrètement, la mort d'un réalisateur est survenu il y a quelques jours, Lewis Gilbert est mort ce 23 février 2018 à l'âge de 97 ans.
Né en 1920 à côté de Londres, le jeune Lewis est issu d'une famille d'artistes de music-hall dont il observe dès son plus jeune âge le travail sur scène. Son père meurt des suites d'une tuberculose alors qu'il n'a que 7 ans. Il débute en obtenant quelques rôles en tant que jeune vedette dans des films alors qu'il est adolescent notamment dans "Dick Turpin" (1934) de Victor Hanbury et John Stafford.
Mais très vite il préfère se diriger vers la réalisation. La Seconde Guerre Mondiale lui en donne l'occasion en incorporant le service cinématographique de la RAF. Après quelques films devant la caméra il signe donc en tant que réalisateur des premiers courts métrages documentaires entre 1944 et 1946 qui vont lui donner le goût pour les films de guerre.
Son premier long métrage de fiction est "The Little Ballerina" (1947) qu'il co-écrit également. Sa carrière prend un petit tournant au début des années 50 quand il rencontre Vernon Harris qui va devenir son scénariste et son plus fidèle collaborateur.
Ils tournent ensemble leur premier film avec "Emergency Call" (1952) suivi de près par "Cosh Boy" (1952) qui est l'un des premiers films catégorisé "X".
Lewis Gilbert va se spécialiser dans les films de guerre avec "Vainqueurs du Ciel" (1957), "Agent Secret S.Z."(1958), "Coulez le Bismark" (1960) ou encore "La Septième Aube" (1964).
Déjà de grands acteurs tournent pour lui (de Laurence Olivier à William Holden en passant par Maurice Ronet) tandis qu'il signe également des films d'autres genres comme le policier "Les Bons meurent jeunes" (1954) et le film d'aventure avec "Les Mutinés du Téméraire" (1962).
Il obtient une première reconnaissance importante quand il reçoit le Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes 1966 pour le film "Alfie le dragueur" avec Michael Caine (sur le tournage ci-dessus et ci-dessous). En prime quelques nominations aux Oscars qui le font connaitre.
C'est à cette période que des producteurs vont penser à lui pour reprendre un film important, à savoir le nouveau James Bond avec "On ne vit que deux fois" (1967) avec Sean Connery. Le succès et le mythe de la saga le place d'emblée au devant de la scène, son opus se plaçant dans la postérité des meilleurs James Bond de la franchise.
Alors qu'il travaillait sur le film "Oliver !" (1968) un contrat avec la Paramount le pousse à laisser ce film à Carol Reed et à tourner le film "Les Aventuriers" (1970).
Il est par la suite redemandé pour tourner à nouveau des James Bond, cette fois avec Roger Moore. Il signe ainsi "L'Espion qui m'aimait" (1977 - ci-dessus sur le tournage) qui reste une belle réussite suivi aussitôt de "Moonraker" (1979 - ci-dessous sur le tournage) qui, à contrario et par la suite sera considéré comme un des moins bons de la saga.
Néanmoins, Lewis Gilbert apportera un bonus non négligeable à la saga puisque c'est lui qui suggéra des James Bond Girls (Moore avec Barbara Bach ci-dessous dans "L'espion qui m'aimait") en rivale aussi forte que James Bond afin de coller à l'évolution féministe de la société.
Si on pense virilité et film musclé quand on parle de Lewis Gilbert on constate qu'en vérité certains thèmes sont récurrents chez lui. Outre la place de la femme chez Bond entre autre on remarque une place prépondérante du passage de l'enfance à l'adulte. Sur ce sujet on peut citer les films "La Petite Ballerine" (1947), "Cosh Boy" (1952), "Janek prend la fuite" (1953), A Cry from the Streets" (1958), "Un sil bel Eté" (1961), "Friends" (1971) et "Paul et Michèle" (1974).
Avec Lewis Gilbert, bien que malheureusement méconnu et discret, c'est tout de même un belle partie du cinéma britannique qui s'en va.
Lewis Gilbert est mort le vendredi 23 février 2018 à son domicile à Monaco.