Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Pour toi j’ai tué » de Robert Siodmak.
« Tout ce qui s’est passé entre nous avant, tu verras, je te le ferai oublier »
Après des mois de pérégrinations à travers l’Amérique durant lesquels il a vécu de petits boulots, Steve Thompson revient à Los Angeles où il retrouve son emploi de convoyeur de fonds. Attristé par son récent divorce, il ne songe qu’à récupérer Anna, son ex-femme qui s’est pourtant remariée avec Slim Dundee, un gangster qui ne lui inspire guère confiance. Pour tenter de les séparer, Steve décide de tendre un piège à Slim en organisant le braquage de son propre fourgon, glissant progressivement lui aussi dans le grand banditisme…
« On ne peut pas réussir ce coup à moins d’avoir un homme à l’intérieur »
Né en Allemagne au sein d’une famille juive d’origine polonaise, Robert Siodmak débute sa carrière comme scénariste au cours des années 20 au sein des prestigieux studios berlinois de la UFA. Là il collabore avec la jeune génération montante du cinéma allemand : Curtis Bernhardt, Emeric Pressburger, Billy Wilder et Fred Zinnemann notamment. Mais à peine a-t-il le temps de réaliser son premier film (« Les hommes le dimanche », 1930) que l’accession au pouvoir d’Hitler le pousse à prendre le chemin de l’exil. Il réalisera ainsi quelques films en France avant de rejoindre les rangs des exilés allemands à Hollywood à la fin des années 30, où après quelques polars, il se spécialisera dans la réalisation de films noirs (« Phantom lady » et « Le suspect » en 1944, « La double énigme » et « Les tueurs » en 1946 ou encore « La proie » en 1948). Poursuivant dans cette veine, il réalise en 1949 « Pour toi j’ai tué », adaptation d’un roman éponyme de Don Tracy. Le film donnera lieu près de cinquante ans plus tard à un remake, « A fleur de peau » (1996), réalisé par Steven Soderbergh.
« Je ne suis différent de toi : ce n’était pas l’argent qui m’intéressait. La seule chose que je voulais, c’était toi »
Trois années après le succès des « Tueurs », Siodmak retrouve Burt Lancaster pour le film « Pour toi j’ai tué ». Un modèle de film noir qui reprend la même construction narrative en flashbacks que celle des « Tueurs ». Soit l’histoire d’une inexorable descente aux enfers. Celle d’un homme éperdument amoureux et prêt à toutes les folies pour arracher des griffes d’un violent malfrat la femme qu’il aime. Y compris vendre son âme au diable en glissant lui-même vers le monde du crime. Pour l’occasion Siodmak bénéficie d’un scénario classique mais véritablement habile qui convoque toutes les figures inhérentes à ce genre cinématographique particulier : l’antihéros naïf et désabusé, la femme fatale vénéneuse et manipulatrice à souhait (géniale Yvonne De Carlo) et surtout un sentiment de poisse qui semble coller à la peau de l’ensemble des protagonistes, telle la fatalité. Mais ce « Pour toi j’ai tué » à quelque chose en plus : de nombreux plans en extérieur qui lui donnent un aspect réaliste et surtout une part de romantisme échevelé (de la part du héros du moins) qui renforce la dimension mélancolique et tragique du récit. La grande force du film, c’est aussi son final haletant, depuis la mise en place du plan d’attaque du fourgon qui ne se passe finalement pas comme prévu jusqu’à la scène de la chambre d’hôpital où la tension monte graduellement à mesure que le héros, à bout de forces, craint la venue attendue du tueur que Slim Dundee aura envoyé pour le tuer. Siodmak signe là un film formellement classique mais d’une redoutable efficacité.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Eddy Moine (15 min.), de bandes-annonces et d’une galerie d’images.
Edité par Elephant Films, « Pour toi j’ai tué » est disponible en DVD ainsi qu’en édition collector blu-ray + DVD depuis le 6 février 2018.
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