Dramatica : la théorie expliquée (99)

Reprenons le concept d’événements au sein de la théorie narrative Dramatica.
Et commençons par établir un rapport entre ces événements et le concept de domaine (ou Domain ou encore lorsque nous nous référons aux classes).

Evénements et Domaines

Sous l’angle de l’intrigue, l’unité la plus fine de la décomposition d’une histoire sont les événements. Et selon Dramatica, l’événement est en fait décrit par l’unité dramatique la plus englobante : la classe.

Il existe quatre classes : Universe, Mind, Physics et Psychology. Et chacune d’entre elles est représentée comme un événement.
Qu’est-ce qu’un événement au sens de Dramatica ? D’abord, un événement est un fait, une circonstance, une situation, un phénomène. C’est quelque chose qui soit va changer, soit restera le même mais de manière si manifeste que le lecteur pourra le percevoir.

D’une manière générale, on peut considérer qu’un événement  est comme  un incident qui forcera les personnages à agir tout comme prendre des décisions ou faire des choix. Cet incident possède ainsi une puissance inhérente, une dynamique qu’il ne faut pas hésiter à qualifier de dramatique.
Et cette dynamique que l’incident possède en sa nature profonde crée de la signification (évidemment, là aussi, dramatique). Ce qui signifie que l’auteur a alors la faculté de donner du sens à son histoire jusque dans ses moindres détails (puisqu’on ne peut pas faire plus petit, on ne peut décomposer ou analyser une histoire au-delà de l’événement).

Juste au-dessus de l’événement se situe la scène. Pour rappel, ce qui permet de comprendre la progression de l’intrigue se dénoue en quatre couches :

  1. L’acte
  2. La séquence
  3. La scène
  4. L’événement.

Pour ceux qui veulent réviser ces notions, vous pouvez reprendre à partir de l’article 93 :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (93)

Ainsi, la séquence découle de l’acte, la scène de la séquence et l’événement de la scène (en fait, il ne découle pas véritablement les uns des autres, il serait plus judicieux de dire que l’acte englobe la séquence qui elle-même englobe la scène et l’événement est enveloppé de la scène).

Plus précisément, il y a quatre événements dans les limites d’une scène. Cela implique qu’en plus de l’examen des relations entre les personnages qui se fait au niveau de la scène, la scène doit aussi décrire une situation (c’est-à-dire la classe Universe), une activité (la classe Physics), une manière de penser (Psychology, concrètement cela doit se faire ressentir) et un état d’esprit (la classe Mind) – Quatre Classes, donc quatre événements par scène.

Les quatre classes doivent être visées d’une manière ou d’une autre pour que la scène soit achevée dans le sens de Dramatica , c’est-à-dire qu’elle fasse totalement sens avec le tout de l’histoire.
Mais alors les scènes d’action pure ou bien encore ces scènes où les dialogues ont la primauté et où rien apparemment ne bouge ?
Comment peuvent-elles présenter les quatre classes ? En fait, elles ne le peuvent pas mais elles n’en sont pas moins des événements.

Des événements qui se font passer pour des scènes

Selon Dramatica, 24 scènes sont nécessaires pour faire un Grand Argument Story.

Concernant ce Grand Argument Story, nous vous proposons la lecture de :

COMPLETE STORY & DRAMATICA
DRAMATICA : LES ELEMENTS DE STRUCTURE

ainsi que
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (21)

Et pour l’explication des 24 scènes :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (97)

Et par conséquent, si l’on continue d’analyser, 4 événements par scène, cela suggère qu’il y aura 96 événements pour qu’une histoire soit réputée complète, c’est-à-dire sans incohérences, ni manques. Ce qui rend les choses un peu confuse, c’est le changement de lieu. Par exemple, si un événement Physics (donc de l’action) se passe dans la jungle puis qu’il soit suivi par un événement Psychology (un cas de conscience à résoudre par exemple) au ministère qui avait financé les fouilles, ce changement de lieu a tendance à laisser penser que nous avons affaire à deux scènes différentes.

Or le cas de conscience émane des fouilles qui ont lieu dans la jungle. Si l’histoire est bien construite (selon les règles de Dramatica), l’auteur aura respecté cependant les quatre domaines puisqu’il aura placé les classes Universe et Mind juste avant, pendant ou juste après ces deux événements dans deux autres événements.
Et la scène sera complète (elle fera totalement sens).

C’est tout l’art de conter (ou Storytelling). Mettre l’emphase sur certains éléments qui serviront à présenter son argumentation ou l’exploration de certains de ses thèmes et d’en diminuer d’autres. Trois événements, par exemple, pourraient se produire dans le même lieu et un quatrième sera déplacé ailleurs. Et pourtant, l’auteur aura complété une seule scène (tant que les quatre classes sont représentées dans l’un ou l’autre des événements qui constituent la scène).

Voilà ce qui clôt le chapitre 18 de la théorie narrative Dramatica concernant la progression de l’intrigue.


Merci.