2h de pellicule de pure folie aussi bien dans un scénario béton, que dans l’interprétation lumineuse, que dans une mise en scène ingénieuse, que dans une bande son incroyable et faite de tubes planétaires… dont le fil rouge entonné à chaque occasion par le père de famille est « Emmenez-moi » d’Aznavour. Mais avant tout, C.R.A.Z.Y. est l’histoire de 5 frères Christian Raymond Antoine Zack et Yvan sur 20 ans dans une chronique familiale drôle, déjantée, émouvante et surtout attachante. L’histoire est centrée sur 4 personnages : le père, la mère, Zack et Raymond. Et les thèmes majeurs du film sont : la filiation, la sexualité, la tolérance, les difficiles relations fraternelles, le besoin de reconnaissance paternelle. Dans cette famille ouvrière québécoise, Zack devient vite la bête noire de son père qui craint de le voir devenir homosexuel. On est dans les 60’s : quelle honte d’avoir une tafiole pour fils !!! Sa différence tant appréciée par ses parents dans sa prime enfance va devenir un enfer lorsque son père le rejette. Le besoin d’amour paternel l’oblige aussi à se conformer à l’image dont on attend de la virilité dans sa famille et à nier ce qu’il est. Des souffrances intérieures ressurgissant alors sous diverses formes symptomatiques. Tous les personnages sont hauts en couleurs, les émotions sont souvent vives et à fleur de peaux ; cependant, Jean Marc Vallée parvient à faire cohabiter cette ambiance déjantée avec une profonde vie intérieure et secrète des personnages. Le film se révèle avoir plus de profondeur psychologique qu’il semble en avoir au premier abord. Pas exempt de quelques excès et faute de goût dont un traitement parfois trop caricatural des 5 profils fraternels (une intello, un sportif, un bo gosse, un homo et le petit dernier) que l’on oublie très vite devant une histoire qui nous transporte. Cette chronique semblant sortie de nulle part offre une fraicheur sans nom et touche par l’universalité du propos en posant une question majeure : comment se construit un individu ? L’élégance de JM Vallée est aussi de ne pas aborder de manière frontale l’homosexualité latente de Zach mais en pointillé. Et donc pour un film aussi volubile de laisser tout autant deviner par les images que de dire. En 2005, il avait fait une razzia de prix bien mérité aux « Césars » canadiens.Un film truffé d’émotions positives, de rire et de réflexion sur l’humain… tout en faisant mine de ne pas y toucher, le spectateur se retrouve piégé…
Sorti en 2005
Ma note: 18/20