Annihilation, critique

Par Fredp @FredMyscreens

De la SF de qualité bien trop de niche pour sortir au cinéma ?  Et si Netflix permettait justement à Annihilation de la démocratiser ? En tout cas le nouveau film d’Alex Garland vaut le détour.

Avec les ratés ou dispensables, Bright, Mute et Cloverfield Paradox, on avait un peu l’impression que Netflix devenait un peu le dépotoir des films que les majors avaient un peu honte de produire, voir pas du tout l’envie malgré de beaux noms en tête d’affiche.

Et puis il y a le nouveau film de SF d’Alex Garland, Annihilation, qui ne bénéficie d’une sortie sur grand écran qu’aux USA, Netflix s’occupant de le diffuser à l’international. Une stratégie de perdant pour le studio Paramount qui n’est clairement pas à la hauteur de l’ambition du film, malgré les critiques positives (mais le film ne sortant après la période des awards, ça ne lui sert pas à grand chose).

Alex Garland propose une SF étrange

Auteur du livre La Plage adapté par Danny Boyle pour lequel il écrit ensuite les cultes 28 Jours plus tard et Sunshine, Alex Garland a fait ses armes remarquées en tant que réalisateur sur Ex Machina (déjà avec Oscar Isaac), film de SF intimiste et intelligent sur la robotique et l’IA. Le voilà donc parcourant à nouveau le genre avec Annihilation, adapté du roman de Jeff VanderMeer.

Il s’intéresse ici donc ici à Lena, biologiste et militaire qui va participer à une mission à risque : explorer ce qu’il se passe derrière le « miroitement », une zone qui s’étend et dans laquelle se passent d’étranges phénomènes qui font muter la faune et la flore. Avec son équipe 100% féminine, elles vont petit à petit perdre la notion du temps et de la réalité.

Place à l’interprétation

C’est donc un étrange voyage auquel nous convie le réalisateur, nous permettant d’explorer un monde en pleine mutation et où de nombreux repères peuvent facilement se perdre et où l’étrange prend le pas jusqu’à une conclusion qui en appelle presque au métaphysique. Donc effectivement, Annihilation n’est pas un film de SF catastrophe mais bien un film de SF réflexif qui est aussi mystérieux que fascinant.

Et quand on dit « réflexif », c’est parce que non seulement le film s’engouffre dans un délire schizophrène mais il s’interroge aussi sur de nombreux thèmes tels que l’identité humaine, la religion, l’autre, l’amour, les regrets, le deuil, la dépression. Des questionnements et sentiments aussi envahissant que le devient la zone du miroitement. C’est à travers Lena, venue ici pour une quête plus personnelle qu’une simple exploration, que tout cela est évoqué et Natalie Portman véhicule très bien toutes ces interrogations pour donner la profondeur nécessaire au film.

A suivre !

Pourtant celui-ci n’est pas exempt de défaut, ne poussant peut-être pas assez loin son délire comme aurait pu le faire un Cronenberg en s’intéressant à la biologie, s’embourbant parfois légèrement dans ses sentiments et ses flashbacks. Mais pour son second film, Alex Garland s’en sort très bien, poursuivant ses réflexions du final de Sunshine ou encore de Never let me go, pour nous offrir un film profond et passionnant qui traine dans la tête encore longtemps après le visionnage.

Annihilation est donc une œuvre atypique qui mérite absolument un visionnage, et si il n’aura pas forcément de suite (contrairement au livre), il prouve bien qu’Alex Garland est un auteur et réalisateur à suivre, même chez Netflix.