On dit souvent que le personnage est l’intrigue. Sans un personnage et la puissance conflictuelle qu’il embarque avec lui, point d’intrigue. Concernant la pulp fiction, la pulp est intrigue. Cette fois, les personnages sont au service de l’intrigue.
Bien sûr, on peut fouiller la personnalité d’un personnage et tenter d’expliquer certaines de ses attitudes et d’expliquer que ce qui ne va pas chez lui est une vieille histoire d’amour qui a mal fini, mais en pulp fiction, ce n’est pas ce que le lecteur veut lire.
En pulp fiction, le lecteur veut de l’action. Le reste est collatéral.
Un auteur de pulp fiction passe la majorité du temps de sa créativité à trouver des idées pour des histoires qui… déchirent. Et comme ce déchirement s’inscrit dans l’horizon d’attente du lecteur, autant dire que la pulp fiction possède ses conventions que l’auteur ferait mieux de respecter.
Le modèle garantit la réussite
Un genre est un cadre qui sert de modèle. La pulp fiction n’est pas un genre en soi mais elle est néanmoins un modèle d’écriture. Respecter les conventions, c’est interpeller la faculté mimétique du lecteur qui se coule alors dans la douceur d’une intrigue qu’il reconnaît (même s’il en ignore encore les détails).
Donc ne dédaignons pas les conventions. Elles sont utiles à l’auteur et comme nécessaires au lecteur. L’originalité d’ailleurs se trouve dans les détails, dans ce qui rend concret la fiction.
L’originalité est la marque d’un auteur. Elle est ce qui distingue les auteurs. Elle est ce quelque chose en plus qui fait qu’un auteur est cet auteur et pas un autre.
Ce que je cherche à dire est que l’originalité se situe dans la saveur particulière du texte qui sera vu comme unique mais que la fondation de deux textes aux saveurs différentes est néanmoins la même. Les conventions répondent à cette fondation. Et le lecteur s’attend à les retrouver.
Quand on développe une idée pour une histoire, il est bien de partir des fondations, c’est-à-dire un modèle qui organisera l’intrigue.
Ne pas craindre la formule
Parce que c’est justement ce mécanisme banal que le lecteur recherche. La lecture qui se dévoue à la pulp fiction est avant tout une satisfaction. C’est la signification que le lecteur donne à la formule.
L’auteur devrait donc en respecter les bases et ne pas chercher à refaire le monde. Sa créativité et son originalité s’exprimeront bien mieux dans les détails d’un moule efficace et attendu.
Être trop original, c’est risquer la confusion ou la frustration du lecteur qui n’est peut-être pas prêt à une expérience « expérimentale » s’il n’est pas prévenu.
Il n’y a rien de mal avec la structure. Elle n’est pas un empêcheur de créativité. La structure est certes un format prédéterminé (ce qui peut offusquer beaucoup d’auteurs), mais elle n’est pas aussi rigide que cela peut le supposer.
Une compréhension de la structure libère l’auteur de préoccupations qui sont véritablement improductives. Elle lui permet de se concentrer sur les choses pertinentes c’est-à-dire sur ses personnages et les événements plutôt que de s’instruire sur les articulations de son histoire par exemple.
Toutes les questions architecturales ne se posent plus. Comme vous vous sentez guidé par une superstructure (qui par ailleurs a fait largement ses preuves), vous pouvez vous consacrer sereinement à l’infrastructure de votre histoire. La structure n’est rien d’autre qu’une manière de considérer votre matériel dramatique afin de l’organiser de façon logique (cohérente) et dramatique.
En somme, ne vous laissez pas piéger par l’idée que ce qui ressemble à une formule pourrait ruiner votre originalité. Faites une recherche sur Scenar Mag pour davantage d’articles sur la structure.
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