Tout juste 2 mois après la sortie de l’excellent Pentagon Papers, Steven Spielberg revient avec Ready Player One. L’occasion de rappeler à tout le monde qui est le patron de l’entertainement avec un film fou mais aussi très personnel. Attention, attendez-vous à vous perdre dans l’Oasis !
Cela fait déjà 7 ans que Steven Spielberg n’était pas revenu sur le terrain de l’aventure. En effet, il s’est déjà écoulé du temps depuis son adaptation de Tintin et son immersion dans le cinéma virtuel. Il était donc temps pour le rêveur qui nous a surtout abreuvé ces derniers temps de films plus sérieux (Cheval de Guerre, Lincoln, le Pont des Espions, Pentagon Papers et même le Bon Gros Géant qui est un conte relativement mélancolique) de revenir dans le jeu du divertissement et de remettre les pendules à l’heure.
Et c’est Ready Player One d’Ernest Cline qu’il choisit d’adapter. Un choix audacieux puisque le roman est surtout une histoire servant de prétexte à son auteur pour aligner les références geek jusqu’au plus obscures. Un trop plein parfois indigeste pour une histoire prenante mais néanmoins superficielle.
Une aventure plus grande que la réalité
Steven Spielberg voit tout de même dans le roman de quoi faire pour en faire un film personnel et une grande aventure ne reposant pas seulement sur les bases de la pop-culture mais délivrant de manière aussi ludique que subtile et touchante un message sur l’aventure de la réalité.
Dans la société de 2045, les classes moyennes vivent dans des taudis et tout le monde se réfugie dans un monde virtuel, l’Oasis. A la mort de son fondateur, une immense chasse au trésor est lancée et celui qui trouvera l’œuf de pâques sera alors son héritier. Après plusieurs années sans avancée dans la quête, celle-ci reprend quand Parzival réussi à trouver la première clé. Poursuivi par la société concurrente, le voilà embarqué dans une aventure virtuelle qui ne sera pas sans impact sur sa vie réelle.
Steven Spielberg le créateur qui transmet
Une aventure qui permet à Spielberg de mêler le réel et le virtuel tout en revisitant un genre de cinéma qu’il a presque imposé malgré lui. Mais surtout de parler des différentes facette de sa personnalité et de sa carrière.
A travers la figure de Halliday, le créateur de l’Oasis (avec son avatar Mark Rylance qui était déjà le portrait de Spielberg dans le Pont des Espions et le BGG), il montre son point de vue et sa pensée actuelle. Nous avons ici le coeur du film, à savoir un retour du maître sur sa création et sur l’apprentissage qu’il a fait de la vie, les erreurs qu’il regrette et dont il veut faire part, en guise d’avertissement, à la nouvelle génération.
A cette nouvelle génération, il transmet aussi de nouvelles références. Pas seulement celles du livre, mais les siennes, celles qui ont construit son cinéma. Ce n’est pas un hasard si le défi central sera une étonnante revisite de Kubrick avec une audace particulière.
Mais de manière générale, à travers ces yeux, les différentes références passées du film deviennent donc superficielles (d’ailleurs au début du film lorsque l’un des personnages décrit la moto du film Akira, le héros lui dit clairement d’oublier la moto mais plutôt de prêter attention à qui la conduit). Le réalisateur montre avec humilité qu’il vaut mieux les balayer pour se concentrer sur l’essentiel, la vie réelle et les personnes auxquelles on tient. Une leçon que Parzival va apprendre dans une aventure hors du commun.
Steven Spielberg l’aventurier qui s’éclate
Et à travers Parzival (Tye Sheridan, portrait craché du réalisateur jeune), c’est justement l’autre facette de Spielberg qui transparait. Celle d’un jeune homme embarqué dans cette aventure incroyable, enfant perdu typique du cinéma Spielbergien qui va se créer une nouvelle famille et qui souhaite partager cela avec un entrain irrépressible.
En le suivant dans l’Oasis, Spielberg s’engouffre dans une réalisation qui mêle adroitement réel et virtuel avec une virtuosité qui a de quoi nous scotcher à notre fauteuil. Il n’y a qu’à voir la première épreuve de la course automobile pour se rendre compte à quel point Spielberg maitrise l’action de manière lisible et percutante. Un morceau de bravoure dingue qui donne le ton et nous plonge dans un rythme effréné pendant 2h20 avec poursuites, espionnage et grande bataille avec l’appui d’effets visuels bluffant qui rendent l’univers visuellement incroyable et bien plus créatif que les rêves de Christopher Nolan, bref, une somme de genres revisités avec une fluidité désarmante.
Spielberg Player One
Ready Player One est donc un film somme, d’une simplicité enfantine, d’une fouge adolescente folle, d’une maîtrise adulte impeccable et d’une maturité naturelle au propos bien plus riche qu’il n’y parait. Car le réalisateur, en plus de ses enfants sans perdus, de son action trépident et de son créateur qui a dépensé sans compter pour son Oasis n’oublie pas sa charge contre le capitalisme à tout va et qui se sert d’une fausse nostalgie pour rameuter les foules (coucou le système hollywoodien actuel).
Si il y a par contre un petit défaut, ce serait celui de l’émotion, parfois légèrement superficielle à la fin et en même temps pas assez présente, la faute à des situations qui font courir les personnages attachants (le casting est impeccable) sans s’y pencher pleinement. Et malgré la partition d’un Alan Silverstri en pleine forme, la larme ne coulera pas.
Mais ce n’est toutefois pas ça qui nous empêchera d’apprécier le spectacle énorme qui nous est offert par Spielberg qui reste définitivement l’entertainer d’Hollywood number 1.