#11. Un film ayant remporté l’Oscar du meilleur film (Movie Challenge 2018 / récapitulatif)
Chez McQueen, être esclave ce n'est pas seulement cultiver dans ces plantations de cotons du matin jusqu'au soir sous un soleil écrasant, ou encore recevoir deux, trois coups de fouets par-ci par-là, selon l'humeur du " maitre " : non, chez le britannique, la pellicule ne pue pas le cliché facile, et le mot reconstitution rime littèralement avec immersion, aussi éprouvante soit-elle, d'un véritable enfer sur terre.
Si c'est est insoutenable à voir, le cinéaste nous fait vite réaliser qu'il est presque impossible de réaliser combien cela peut être dur de vivre ça au jour le jour.
Sous forme d’électro-choc vibrant, le cinéaste nous rapproche au plus près d'une vérité que beaucoup ont fait semblant de ne pas voir, et nous fait ressentir tout du long, une expérience viscérale et hautement traumatisante.
Impossible de ne pas pleinement s'identifier au calvaire inhumain vécu par Solomon, homme libre comme devait/devrait l'être tout le monde, embarqué dans l'horreur de son époque, qu'il s'était pourtant efforcé de préserver de son quotidien.
Victime de sévices physiques insoutenables (des coups de fouets aux pendaisons avec ce qu'il faut d'adhérence, pour ne pas mourir trop vite), vivant en permanence dans la peur et dépossédé de toute son humanité - on lui ôte tout, sa liberté, son identité et même son histoire -, il est considéré comme ni plus ni moins qu'un animal, qu'un bien périssable et aisément remplaçable.
Cette déshumanisation d'un peuple totalement soumis à la pire exploitation de l'homme par l'homme - ou la passivité sidérante d'un peuple face à la cruauté sans nom d'un autre -, doublé d'une déconstruction totale du rêve américain, McQueen la filme avec la puissance qu'on lui connait et qui à fait sa renommée, condamnant le tout en bloc via une mise en scène étouffante (la longueur des plans sont souvent insoutenables), toujours près des corps aussi bien repoussants que meurtris, et une habile utilisation de ses thèmes les plus chers : l'emprisonnement et le courage de lutter contre celui-ci.
Bouleversant, bourrés de scènes de bravoures incroyables et n'ayant jamais peur de traiter frontalement la souffrance, 12 Years a Slave est un choc totale et violent sur pellicule, qui en l'espace d'un tout petit peu plus de deux heures, réussi la prouesse de résumé à elles-seules la condition humaine, qui même pétri de courage, se doit d'être résigné face à la toute puissance d'un système rarement juste.
Et même lorsque l'on sort de l'enfer traumatisant de l'esclavage, on ne retrouve pas pour autant sa liberté d'homme.
Troisième ligne d'une filmographie à l'exception frisant lourdement avec l'indécence, d'une beauté et d'une noirceur absolue, ne cherchant aucune commémoration et encore moins de réconciliation, le film est d'une nécessité imposante, qui tire aux larmes sans chercher une seule seconde un sentimentalisme forcé.
Si Django Unchained a revisité le sujet de manière jouissive, 12 Years a Slave l'a fait avec douleur.
12 Years a Slave de Steve McQueen avec Chiwetel Ejiofor, Lupita Nyong'o, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch,... (2014)
" Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession.
Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave.
Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité.
Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie… "