Toute personne qui aime les films, est bien souvent confronté aux adaptations de roman. C'est là que l'on commence à grogner. Nous avons eu l'idée de croiser certains romans et leurs adaptations. Vous ne verrez pas ici de billets sur les livres à proprement dit, juste une réflexion sur ce que l'un est l'autre apporte à l'histoire. Leurs convergences et leurs divergences et les richesses, ou les faiblesses que ça fait naître. Ce sont nos crossroads !
LA MORT D'UN MAÎTRE DE THÉde Kei Kumai
Pour ce tout premier crossroad j'ai eu l'immense chance de rentrer dans l'univers du thé dans le japon des années 1600. d'abord sous la plume de Yasushi inoué et ensuite dans les pas de de Kei Kumai. Commençons par parler de ce dernier. Ce film très épuré qui eut l'ours d'argent à Venise en 1989 , nous propulse dans un japon mythique.
Puis il y a Uraku oda, dignitaire qui se proclame maître du thé, d'un thé différent, un thé de paix. Qui à la fois essaie de se différencier de ses prédécesseur. Mais est fasciné par la mort de maîtreRikyu, et par son pourquoi.
Si les personnages sont si importants, c'est qu'ils donnent le ton du film. Et c'est pour cela que c'est par eux que je commence. La réalisation fait un film simple et sain dans sa forme.
Et là encore c'est tellement bien réfléchit. On nous parle beaucoup de la violence qu'à vécu ce maître, de voir partir tant d'hommes vers leurs morts. Et là c'est plus que des mots. La violence est palpable, sans jamais être présente.Bien évidemment les plans sont pensés. Chaque mouvement de la caméra semble nécessaire, pour exprimer une émotion. Il n'y a aucune fioriture, ni rien qui pourrait faire de l'ombre aux messages du film. Ça se ressent aussi dans les transitions, quasi inexistantes, brutales et tranchantes comme une lame.
Le seul bémol de ce film est aussi une de ses principales forces.
Ce long métrage traite de plusieurs thèmes dont la mort, mais il est surtout éminemment politique. Transposable sur bien des situations, et spécialement sur les relations entre Japon et Corée.
Ce film est un film que j'ai beaucoup aimé. Après une première scène qui m'a un peu fait peur, je me suis perdue et laissée absorber, il est aussi riche qu'il semble dépouillé. Il est une démonstration du talent du réalisateur mais aussi de ses acteurs. C'est un aussi bon qu’intéressant à voir.
LE MAITRE DE THÉde Yasushi Inoue
Ça rend possible plusieurs choses. La première est de concentrer l'histoire et de la rendre plus lisible, voire plus facile, ne mettant en image que ce que le réalisateur pense important, et se concentrant uniquement sur Rikyu. Alors que dans le roman, il y a une ouverture qui se créé et notre réflexion est bien plus large.Ça permet aussi d'éluder le coté subjectif de l'histoire, car ce que l'on sait ne passe plus par le prisme d'Honkakubo. En contre partie on perd de l'humanité. On perd ses moments d'introspections, et la scène d'ouverture du film perd de son importance. Mais ça fait sens, car si le film est intensément politique, le livre l'est bien moins. Pas question que le discours du film puisse être porté que par un seul personnage, et perdre de son universalité. Alors que le roman est avant tout un livre sur la mort. C'est le dernier livre d'un homme qui mourra dix ans après sa publication. Ce livre s'il n'est pas un livre «testament» et a minima un roman où les réflexions sur la vie de l'auteur enrichissent le récit.
Mais ce petit livre qui n'atteint pas les 150 pages est d'une précision d'orfèvre. Il semble être écrit de manière «simple et saine». Chaque mot compte, il est précis, et il est placé là car il doit l’être. Il est d'une intensité que j'ai rarement rencontré dans les livres. Et ça c'est impossible à retranscrire au cinéma
quelque soit le média par lequel vous voulez découvrir cette histoire, vous rencontrerez une petite merveille, dépouillée, et zen. Mais vous pourrez passer de l'un à l'autre sans avoir une impression de redite, par la volonté d'un homme de mettre plus en lumière l'un des aspects de l'histoire.