Avec Red Sparrow, Jennifer Lawrence devient espionne russe. Une nouvelle composition lourde dans un film rétro long qui n’a rien à dire.
Après 3 volets de Hunger Games, le réalisateur Francis Lawrence a retrouvé sa liberté. Mais ne cherchant plus l’esbrouffe graphique de ses débuts (Constantine et Je suis une Légende), il s’oriente cette fois dans le film d’espionnage rétro pour lequel il refait équipe avec Jennifer Lawrence.
Au départ l’adaptation du Red Sparrow de Jason Matthews devait être réalisée par Darren Aronofsky puis par David Fincher (qui auraient été bien plus manipulateurs), mais c’est finalement un plus solide artisan qui met donc en scène le film. Celui-ci raconte l’histoire d’une ballerine à la carrière brisée qui va être recrutée par les services sercrets russes. Devenant particulièrement douée, elle va se mettre à manipuler les ennemis américains autant que sa propre hiérarchie.
L’espionne de l’ennui
Cependant le film se refuse dès le départ à choisir une époque utilisant autant des voitures contemporaines ou contraintes de sécurité d’un aéroport de nos jours que de vieux téléphones à fil et vieilles disquettes. Ne se situant nulle part, cela pertube donc la cohérence de départ du film même si cela lui donne un côté intemporel. A l’image de ce refus de choix, le film va se révéler bancal tout au long de ses 2h20.
Avec un faux rythme et beaucoup de longueurs le film n’arrive jamais à prendre son envol et à raconter une histoire prenante. La faute à la fois à un gros sentiment de déjà vu, à un parcours d’espionne calibré, à des rouages et machinations qui n’ont plus rien d’inédit et des personnages sans attachement. Ainsi on comprend bien dès le départ que le personnage de Jennifer Lawrence va tenter de manipuler tout le monde et chaque retournement de situation va alors dans ce sens, si bien que la révélation finale de son choix n’aura rien de surprenant. Ainsi, dès lors que l’on a déjà vu quelques films d’espionnage on aura vite fait d’en déceler les ficelles (coucou la taupe devinée en 5 minutes) et de trouver cela ennuyeux.
J.Law Show
On pourra bien sauver quelques séquences comme l’apprentissage à la dure par une Charlotte Rampling froide comme jamais ou une séquence de torture particulièrement brutale. Mais avec la mise en scène rétro transparente de Francis Lawrence, c’est surtout Jennifer Lawrence qui, à l’instar du personnage dans l’intrigue, prend le pouvoir sur le film.
L’actrice au melon devenu pastèque utulise le film pour véhiculer son image, montrer qu’elle maîtrise son corps et le montre quand elle veut pour manipuler son public et ses détracteurs. Une séquence de nu où elle prend le pouvoir, un défilé de maillot de bain qui n’ont rien de pratique pour la natation, la voilà en pleine possession de ses moyens et vampirisant les autres rôles (pourtant pas mauvais Joel Edgerton) . Cela aurait pu être intéressant si elle n’était pas en surjeu faussement interiorisé permenant.
N’assumant qu’à moitié son héritage de la guerre froide, Red Sparrow navigue donc laborieusement entre hommage et volonté de modernité pour imposer une héroïne cannibalisée par sa propre actrice. Du coup l’ennui pointe vite le bout de son nez pour supporter les 2h20 de film.