Un raz de marée inonde une partie de la côte de Tokyo. Après avoir pensé qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, les scientifiques se rendent compte que le responsable de ce désastre n’est autre que Godzilla, une créature géante prête à tout détruire sur son passage.
Shin Godzilla – Réalisé par Hideaki Anno et Shinji Higuchi
Avant de voir « Shin Godzilla », ma connaissance de cette icône japonaise tenait en deux films, l'ignoble et raciste « Godzilla » réalisé par Roland Emmerich, puis celui de 2014 réalisé par Gareth Edwards. Le second m'a bien plu, malgré des manques évidents dans l'écriture; mais cela n'avait à aucun moment la portée politique et symbolique du « Godzilla » original, œuvre cathartique sur les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki. Et comme à ce jeu, on est toujours mieux servis que par soi même, la Toho à produit un nouveau « Godzilla », qui cette fois, sera la métaphore de la catastrophe nucléaire de Fukushima, conséquence désastreuse du tsunami du 11 Mars 2011 !
Alors qu'une matinée paisible s'écoule, une infiltration massive d'un liquide rougeâtre inonde l'un des tunnels de Tokyo. Un incident concomitant à un fort dégagement de chaleur au large de la baie à Tokyo. L'alerte lancée, les autorités se réunissent pour décider d'un plan d'action et enfin savoir ce qui se passe, hélas ils retrouvent vite dépassés quand une créature amphibie remonte l'un des cours d'eau de la ville, semant la panique parmi la population. Les autorités sont alors partagées, doivent ils tuer la créature ou la comprendre ? Le gouvernement s'occupe alors de l'évacuation des civils et des forces militaires, ainsi que de la stratégie à adopter; quand un autre groupe recherche la créature et un moyen de la neutraliser. Une aide inattendue viendra des USA, qui apportera son lots d'informations, comme le nom de la créature, « Godzilla » …
Le scénario écrit par Anno en personne se veut à la fois très simple, mais aussi éminemment complexe! L'histoire ne se contente pas de parler d'un monstre qui ravage l'état japonais, il se plonge dans les arcanes complexes de la société japonaise et de son monde politique qui ne sait pas collaborer ensemble. Une métaphore sans détour du Japon pendant la catastrophe du 11 Mars 2011. Le tsunami devenant l'arrivée de « Godzilla » et ses conséquences (Fukushima), les dégâts que fera le monstre, lui le fruit de mutation due aux déchets radioactifs. Mais voilà, si l'intrigue est sans détour, avec son lot de morts, de regrets et d'humiliations (l'ingérence américaine, la décision de l'ONU), Hideaki Anno distille à coté de ça, les contours d'un Japon plus jeune et combatif. Un peuple qui panse encore ses plaies, qui souhaite allez au delà des divisions, pour se réinventer, malgré la douleur, les morts et les catastrophes. Et comme la fin le laisse présager, quelques soient l'avenir, il leurs faudra faire face, ensemble !
Fort d'un message écologique, anti-nucléaire et anti-militariste, ce « Shin Godzilla » redonne ces lettres de noblesse à ce symbole japonais, redevenant ainsi l'entité cathartique des traumatismes du Japon présent, passé et futur …