The rider

Par Dukefleed
Le cavalier... dans la tempête
Chloé Zhao, immigrée chinoise, a vécu plusieurs années avec les indiens Sioux-Lakotas et elle les connaît très bien. Son premier film très documenté « Les chansons que mes frères m’ont apprises » traitait déjà sous la forme d’une fiction documentaire de l’attachement de ces indiens à leur territoire, valeurs, liens familiaux ; mais aussi de la difficulté de trouver son identité dans l’Amérique d’aujourd’hui. Sa trame narrative s’est énormément enrichie entre les deux films pour offrir un film beaucoup plus dense que le précédent, malgré quelques bégaiements non rédhibitoires. Grand Prix à Deauville et encensé par les critiques, ce film indé’ US diffuse un message universel au travers du petit microcosme du monde du rodéo. On pouvait craindre un film de spécialiste ; cependant, les 20 premières minutes passées, le personnage central ne fera que prendre de l’épaisseur au fur et à mesure piégeant bien malgré lui le spectateur sceptique du fait d’un début de film poussif et répétitif. Un drame réaliste jamais misérabiliste, ni larmoyant, ni ostensiblement dénonciateur se tisse devant nos yeux. Les laissés pour compte de cette Amérique puissante ne sont ni plus ni plus moins que des non professionnels jouant leur propre vie. Les Jandreau, Brady en tête, avait tout pour livrer une partition de damnés de la terre. Mais non, ce qui est mis en avant ce sont les solides liens entre eux et à leur terre. Comme dans son précédent film, Zhao montre que le salut viendra de l’amitié fraternelle. Brady, au centre du film, a donc deux anges gardiens aux ailes brisées qui vont le sauver de lui-même lié à sa perte de repères : sa sœur autiste et son pote tétraplégique après un accident de rodéo. Car Brady s’est construit, et on a construit sa virilité et sa masculinité autour du rodéo ; c’est son ADN. Donc dès lors qu’il ne peut plus exercer, il doit se réinventer, se reconstruire, espérer ; trouver un autre idéal, une autre voix. Et c’est bien là que réside le message universel du film ; mais aussi l’espoir, car Brady est bien entouré, et l’espoir d’une autre vie existe. Et plus largement Zhao, comme d’autres cinéastes, mettent à mal le mythe de l’Ouest américain. Le western est bien mort ; ces grands territoires sont aujourd’hui peuplés d’invisibles. Bon cru 2018 d’une réalisatrice montant en puissance.
Sorti en 2018
Ma note: 15/20