L’auberge espagnole – Unie dans la diversité

L’auberge espagnole – Unie dans la diversité

SPOILERS

A chaque fois c’est la même histoire – je regarde L’auberge espagnole et me prennent des envies de voyages et d’écriture. L’amitié sur les routes, les récits qu’on n’oublie pas et les autres qui s’efface. Vivre de ces grandes aventures qui devraient jalonner la vie de tout un chacun. Mais ce n’est pas une histoire de film, pas plus qu’un récit de voyage, bien au contraire. C’est l’idée fantasmée d’un avion qui décolle, porte ouverte des possibles et témoin des grands voyageurs devant l’éternel. Un retour sur une expérience de cinéma qui ravive les souvenirs et en appellent de nouveaux, un joli bordel made in el director Cédric Klapisch.

Je me suis véritablement intéressé au métrage pendant mon année au Royaume-Uni. L’histoire de cet étudiant français lui aussi en Erasmus résonnait d’une manière particulière quand bien même nos destinations étaient aux antipodes l’une de l’autre. Les lieux étranges qui deviennent quotidiens, l’amitié express, la barrière de la langue, le trouble amoureux, autant d’éléments familiers et communs qui brouillaient les frontières entre mon expérience et celle de Xavier (Romain Duris). J’ai depuis revu le film à plusieurs reprises et reste subjugué par la justesse de l’ensemble, une saveur bien particulière qui distingue L’auberge espagnole des autres volets de la trilogie du réalisateur. Ce dernier signe une œuvre profondément européenne et humaniste tout en reconnaissants aux protagonistes des travers, et joue des clichés autant qu’il s’en amuse. On a immédiatement envie de faire partie de cette bande de potes aux origines diverses.

L’auberge espagnole – Unie dans la diversité

Au croisement du teen-movie et du récit initiatique, le film pioche dans tous les registres jusqu’à devenir une succession cohérente d’instants quotidiens. Barcelone se fait berceau d’une union des peuples qui donne envie, loin des manigances politiques et économique de Bruxelles. Sans être un européen convaincu on se prend à rêver à l’Europe des nations, une et indivisible – un doux rêve malmené par les divisions au sein même des provinces. Comment unir une poignée de pays quand les dissensions internes et les langues régionales reviennent en force ? Par la voix des peuples et l’action commune, non la politique, telle est en substance la réponse du métrage, en plus d’un joli message gentiment rebelle. Par envie et conviction Xavier renoncera à son poste au ministère très amer pour se réaliser enfin et devenir écrivain – nourrit par son expérience en Espagne. La boucle est bouclée avec grande intelligence. Le passage à l’âge adulte se fait par un truchement qui contente le personnage actuel et le « lui » enfant qu’il ne veut pas décevoir. De l’auberge ibérique nait la poupée russe pris dans le casse-tête chinois de l’existence qui trouvera un sens à tout ça. Puisque c’est à la fin de ce premier film que Xavier est entouré de tout ce qui lui faut, et qu’il retrouvera finalement en conclusion de la saga : sa petite-amie, ses ami(e)s, sa liberté.

L’auberge espagnole – Unie dans la diversité

L’auberge espagnole fonctionne de manière autonome et apparait comme une réussite du cinéma français. Sur un plan plus personnel l’histoire résonne de manière particulière et fait remonter des souvenirs pas si lointains – la cohabitation, la découverte d’autres cultures et les soirées de beuveries très bien organisées. Une madeleine de Proust encore fraiche et un immanquable du cinéma contemporain.