La femme, ce machiste !
Synopsis
Damien, Don Juan célibataire, se retrouve propulsé dans une société matriarcale où il tombe amoureux d’Alexandra, femme puissante et croqueuse de jeunots. Pour lui plaire, Damien tente de décrypter les codes inversés de ce nouveau monde…
Pour être bien claire, on n’est pas dans un classique échange de corps, hein. Non non. On inverse la société ! Les femmes sont dirigeantes, présidentes, puissantes, elles gagnent beaucoup d’argent, regardent le sport à la télé, draguent ouvertement, elles sont sexistes, etc, etc, tout ce qu’un homme peut être. Et les hommes, eh bien par logique, ils sont masculinistes, ils s’occupent des enfants, ils sont des hommes au foyer, ils prennent soin d’eux, etc, etc, tout ce qu’une femme peut être. Je précise bien « PEUT être », ce ne sont pas des généralités, mais des majorités, pas pareil. Pourriat reprend les mêmes codes que de son court-métrage, si ce n’est qu’elle intègre un « corps étranger » à son histoire, en l’occurrence Elbaz. Comme s’il atterrissait dans un monde parallèle en somme.
C’est avec ce genre de film qu’on se mange la réalité dans la figure, encore faut-il vouloir la voir et l’accepter… pour tenter de la changer. En tant que femme, Je ne suis pas un homme facile fait écho à mon quotidien, il le rend peut-être plus brut, moins habituel. Tout ce que je vois dans ce film, je l’ai connu et je le connais, je ne suis pas surprise, la réalité est comme ça. Au fond, on aimerait que les rôles soient échangés pour que les hommes se rendent compte qu’ils sont bien plus privilégiés que nous. Juste une semaine, histoire de comprendre. Et je ne suis pas en train de faire un discours féministe, mais réaliste. Cela dit, le film le fait bien remarquer, les hommes n’ont pas le beau rôle non plus. Et c’est aussi ça la force de Je ne suis pas un homme facile, certes, la réalisatrice met en exergue la condition de la femme dans ce monde d’hommes, et elle montre également la condition de l’homme parmi les femmes (le propos est moins fort et moins frappant). Sous couvert d’une comédie, elle « dénonce » les comportements masculins et féminins. J’ai un regret dans le film et qu’elle avait bien proposé dans son court-métrage : la violence, qu’elle soit verbale ou physique, elle n’apparaît pas ou peu, pourtant, nous sommes en plein dans cette tourmente avec #BalanceTonPorc et compagnie. Je n’ai pas senti cette drague insistée, ces mots déplacés, ces gestes/actions interdit(e)s. Il y a bien une séquence qui le montre, mais elle est trop rapide, trop cachée. Est-ce par pudeur ou pour ne pas en rajouter ou tout simplement pour ne pas se répéter vis-à-vis de son court-métrage ?
Je ne suis pas un homme facile n’est pas un film prétentieux, c’est une comédie qui est doucement acide et amère. Qui dénonce avec des pincettes, parce que malheureusement, sans pincettes, on lui collerait plein d’étiquettes : trop ceci ou pas assez cela. Au fond, la société n’est jamais contente, toujours à redire. Et même moi, je ne suis pas assez contente du film, puisque je trouve des choses à redire, mais je comprends la vision globale, je comprends les partis pris et je respecte. Je vous invite à voir ce film disponible sur Netflix, pour vous faire réfléchir et mieux prendre conscience de notre quotidien. Petite note : c’est le quotidien parisien. J’avais aimé la démarche en court, j’aime la démarche en long. Elle est pleine de bon sens, elle est aussi pleine de sensibilité, parfois d’humour (je pense notamment à l’épilation) et surtout pleine de vérité(s). Le film n’est pas long et se regarde tout seul. Je n’ai pas mentionné le rôle féminin, interprété par Marie-Sophie Ferdane, belle dans son androgynie, dans sa force, charismatique dans sa féminité masculine.
Disponible sur Netflix depuis le 13 Avril 2018.