Marvin ou la belle éducation

Un grand merci à TF1 Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Marvin ou la belle éducation » d’Anne Fontaine.

Marvin_belle_éducation

« C’était une des lois du village : ne pas avoir d’enfant c’était passer pour une frigide ou une lesbienne »

Martin Clément, né Marvin Bijou, a fui. Il a fui son petit village des Vosges. Il a fui sa famille, la tyrannie de son père, la résignation de sa mère. Il a fui l’intolérance et le rejet, les brimades auxquelles l’exposait tout ce qui faisait de lui un garçon « différent ». Envers et contre tout, il s’est quand même trouvé des alliés. D’abord, Madeleine Clément, la principale du collège qui lui a fait découvrir le théâtre, et dont il empruntera le nom pour symbole de son salut. Et puis Abel Pinto, le modèle bienveillant qui l’encouragera à raconter sur scène toute son histoire. Marvin devenu Martin va prendre tous les risques pour créer ce spectacle qui, au-delà du succès, achèvera de le transformer.

« Pédé ? C’est un genre de maladie mentale. Un truc de dégénéré »

Marvin_Anne_Fontaine

Danseuse puis actrice au cours des années 80, Anne Fontaine délaisse progressivement la comédie à compter des années 90 pour se consacrer de façon exclusive à la réalisation. Cinéaste prolifique, elle se fera remarquer notamment pour ses comédies décalées (« Augustin roi du kung-fu », « Nouvelle chance »). Mais sa riche filmographie est avant tout marquée par la question prégnante, troublante (et parfois même dérangeante) de l’identité sexuelle qui est au cœur de nombre de ses films. Qu’il s’agisse d’un couple trop bien rangé qui se découvre une passion pour l’échangisme (« Nettoyage à sec »), d’une femme qui redécouvre l’amour pour son mari par le biais du voyeurisme (« Nathalie... ») ou de relations quasi incestueuses entre mères et fils (« Perfect mothers »), l’épanouissement et l’affirmation de soi de ses personnages passe toujours  invariablement par le fait d’assumer leurs désirs et de laisser libre court à leurs pulsions les plus inavouables. Avec « Marvin ou la belle éducation », la cinéaste poursuit ainsi l’exploration de son thème de prédilection en adaptant très librement le roman à succès « En finir avec Eddy Bellegueule » d’Edouard Louis (2014).

« Dans la vie, il ne faut pas trop réfléchir. Il faut aller vite, c’est ça le secret »

Marvin_Finnegan_Oldfield

Soit l’histoire d’un jeune homosexuel brimé depuis l’enfance de par son appartenance sociale à un milieu de prolétaires rustres racistes et homophobes de la France profonde, et qui finira par s’affirmer et trouver une forme d’épanouissement grâce au théâtre, qui lui sert d’exutoire cathartique. Une ode à l’éducation et aux arts comme moyens de s’élever intellectuellement et socialement, de s’affranchir des normes et des préjugés pour enfin affirmer son identité propre. Malheureusement, Anne Fontaine se perd dans un scénario bavard et spécieux, plombé par sa vision extraordinairement caricaturale d’une société dans laquelle s’oppose selon elle les campagnes populaires peuplées de gros beaufs sales, bêtes et méchants (façon la famille Groseille de « La vie est un long fleuve tranquille », l’humour en moins) et le monde de la grande ville peuplée uniquement de personnes (très) riches, raffinées et surtout altruistes. Une vision du monde hyper simpliste et étriquée qui finit par peser sur les personnages au point d’empêcher le spectateur de ressentir la moindre empathie à leur égard. Dommage, car le casting était plutôt séduisant. On retiendra cependant la belle performance de Grégory Gadebois, qui fait vivre avec habileté l’ambivalence de son personnage.   

Marvin_Isabelle_Huppert

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (5.1) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres pour malentendants sont également disponibles. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.

Edité par TF1 Vidéo, « Marvin ou la belle éducation » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 27 mars 2018.

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