Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La môme vert-de-gris » de Bernard Borderie.
« Vous aimez bien jouer au détective ? »
Mickey, agent secret du FBI, a été assassiné à Casablanca. Dépêché par l’Agence, le redoutable Lemmy Caution mène l’enquête.
Il fait bientôt la connaissance de la sœur de Mickey, la chanteuse de cabaret Carlotta de La Rue.
Surnommée la « Môme Vert-de-Gris », la belle est la petite amie de Rudy Saltierra, que Caution soupçonne d’être le commanditaire de l’assassinat de Mickey.
« Vous êtes un gars sympa, j’aimerai pas qu’il vous arrive des bricoles. Vous ne devriez pas vous occuper des affaires qui ne vous regarde pas, croyez-moi »
Fils du producteur Raymond Borderie - célèbre pour avoir produit les premiers films de Max Ophüls, « Les misérables » de Raymond Bernard ou encore « Les enfants du paradis » de Marcel Carné - Bernard Borderie arrive dans l’univers du cinéma de façon presque naturelle. D’abord assistant de Jean Dreville puis de Henri Decoin (sur « Les amoureux sont seuls au monde » et « Au grand balcon »), il accède en propre à la réalisation dès le début des années 50 avec « Les loups chassent la nuit », qui marque le début de sa prolifique carrière qui comptera près d’une trentaine de films en trois décennies. Mais plus que tout, Bernard Borderie restera surtout comme le cinéaste des grandes sagas populaires du cinéma français des années 50 et 60 : les « Lemmy Caution » bien sûr (5 films), les « Gorilles » avec Ventura (trois films) et surtout « Angélique, marquise des anges » (5 films entre 1964 et 1968).
« La peau d’un flic ça vaut la liberté ? »
Petit flashback : les années d’après-guerre voient les États-Unis inonder les salles obscures française de leur production cinématographique (actuelle mais aussi tous les films qui n’ont pas pu sortir durant les années d’occupation), au point d’écraser la production cinématographique nationale. La mode est donc aux westerns et aux films noirs. Bien décidé à tirer son épingle du jeu, Bernard Borderie a donc la bonne idée de porter à l’écran en 1953 « La môme vert-de-gris », le roman de l’américain Peter Cheyney célèbre pour avoir été le tout premier roman publié dans la prestigieuse collection Série noire des éditions Gallimard. Un polar « à l’américaine » reprenant à son compte les principaux codes du genre (exotisme, femme fatale à la Veronica Lake, pègre) et qui marque les débuts à l’écran de l’agent Lemmy Caution ainsi que de son interprète, l’américain Eddie Constantine. Mais le film se fait également novateur en ce qu’il réinvente totalement le personnage du détective - habituellement austère - pour en faire un personnage de fin limier bagarreur, à la fois séducteur patenté et désinvolte, qui manie à merveille le second degré et qui ponctue chacune de ses scènes d’action d’un bon mot. Malheureusement, Borderie en oublie quelque peu son scénario dont l’intrigue, totalement absconse, ne laisse finalement qu’une place anecdotique aux seconds rôles, à commencer par la fameuse « Môme vert-de-gris » du titre qui doit n’avoir en tout et pour tout qu’une dizaine de répliques. Mais qu’importe au final les maladresses et les incohérences de son scénario, le film se révèle (malgré lui ?) étonnement drôle et léger grâce notamment à l’interprétation virevoltante du génial Eddie Constantine. Assurément un film assez mineur (en dépit de l’immense succès qu’il rencontra lors de sa sortie), qui restera un modèle pour nombre de franchises à venir (OSS 117 notamment).
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Le DVD : Le film est présenté dans une nouvelle copie intégralement restaurée à partir d’un master 2K du film en version originale française (2.0). Des sous-titre français sont également disponibles.
Côté bonus, une brève interview (4 min.) d’Eddie Constantine, issue d’une archive télévisuelle de 1987.
Édite par Pathé, « La môme vert-de-gris » est disponible en combo collector DVD + blu-ray depuis le 11 avril 2018.
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