La trilogie du surhomme fou de Warren Ellis

Par Fredp @FredMyscreens

Réflexion cinglée sur la création de surhommes censés protéger l’humanité qui tournent toujours mal, Black Summer, No Hero et Supergod de Warren Ellis sont maintenant regroupées dans un gros volume aussi fou et trash que passionnant.

Après une première publication il y a quelques années par Milady Graphics, c’est le tout nouveau label Hi Comics qui a la bonne idée de regroupée la trilogie de Warren Ellis regroupant Black Summer, No Hero et Supergod. L’occasion d’en parler et surtout de ce procurer ce bon pavé puisque c’est bien de la bonne came.

Il faut dire que quand on a déjà un peut regardé l’oeuvre de l’auteur britannique, il y a de quoi se régaler. Transmetropolitan, The Authority ou encore Planetary, voilà autant de titres qui permettent de placer Warren Ellis aux côtés de ses compères Alan Moore ou Grant Morrison, s’intéressant toujours sur la dimension du super-héros, des gouvernements cinglés et des secrets historiques. Après un passage sur l’univers ultimate de Marvel, c’est chez Avatar Press qu’il a conduit son ambitieux projet avec 3 courtes séries aussi folles, trashs, impertinentes  les unes que les autres.

Black Summer

La première nous montre d’emblée un héros tuer le président des Etats-Unis suite aux actes de guerres et mensonges qui ont été proférés. Ayant conduit là un acte irréparable, les anciens membres de son groupe, les Sept Armes, des personnes qui ont été « améliorées » pour lutter contre la corruption et les délits vont donc être traqué et vont devoir se défendre dans un bain de sang alors que les militaires tentent de gérer tant bien que mal la situation.

Forcément un héros qui assassine le président d’entrée de jeu, ça pose les bases, et le scénariste n’y va pas de main morte sur les 8 chapitres du récit, assez ramassés dans le temps. Tout est mené à un train d’enfer et l’urgence du récit n’efface heureusement pas le discours et l’ampleur du contexte qu’il y a derrière. Alors parfois le trait de Juan Jose Ryp au dessin peut sembler surchargé en détails mais c’est aussi ce qui donne au récit son côté schyzo.

No Hero

Et le côté cinglé du dessin de Ryp correspond encore mieux au récit suivant. Car cette fois, depuis des décénnies, Carrick Masterson dirige une organisation de surhommes pour intervenir sur les différents points de conflits du monde. Et ces derniers le deviennent grâce à une drogue, le FX7. Mais quand certains membres du groupe sont pris pour cible, il se met alors à recruter un volontaire … mais sera-t-il capable d’endosser cette nouvelle responsabilité ? Et qui en veut à cette organisation ?

Cette fois, Ellis explore donc la question de ce que l’on est prêt à faire pour devenir un super-héros mais aussi comment une orgaisation composée de personnes aux capacités exeptionnelles peuvent agir sur le monde. Un récit toujours en 8 parties et toujours prenant et qui, il faut le dire donne quelques visions assez cauchemardesques pour le genre.

Supergods

Et dans la 3e série, plus courte (5 épisodes), Ellis passe à la vitesse supérieure en s’intéressant à une planète ravagée par les surhommes aux capacités de dieux qu’on créé les hommes pour défendre leurs différents pays. Un récit cette fois à la première personne pour décrire la situation apocalyptique mais encore plus fascinante faisant des créatures de Frankenstein des divinités surpuissantes et conscientes de leur potentiel pour qui les hommes ne sont que de la chair à canon.

Cette fois c’est Garrie Gastonny au dessin pour apporter une dimension plus épique et mythique à l’histoire, appuyant ainsi la voix off par des visions surprenantes comme ce dieux à trois tête et jambes de champignons. Le récit s’interroge donc sur la puissance des armes créées par les hommes.

Ecrits au moments où l’Amérique partait en guerre en Irak et où les répercussions du terrorisme sur faisaient ressentir partout dans le monde, ces 3 histoires, au delà de leur violence graphique et du divertissement proposé, invite donc forcément à réfléchir sur les actions menées par les gouvernements, à la fois en façade mais aussi en coulisses avec ce qu’il faut de manipulation et de trahisons.
C’est clair, Warren Ellis n’y va pas avec le dos de la cuillère avec ces 3 récits écrits avec une rage et une liberté totales et qui se permet énormément de choses. A tel point que la trilogie ne rassemble que des personnages antipathiques. Mais on dépassera ce manque d’attachement par le ton cinglé et le propos passionnant qui se cache derrière.