Au revoir là-haut

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Au revoir là-haut » de Albert Dupontel.

« Maintenant que la guerre est finie, tu veux disparaitre ? »

Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie devenu une gueule cassée, l’autre modeste comptable, se retrouvent à survivre comme des marginaux dans une société qui a évolué sans eux.

Ils décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire…

« On parle d’affaires, pas de vertus ! »

La Première guerre mondiale restera dans les mémoires collectives comme le carnage le plus inhumain et le plus inutile qui soit. Une monstrueuse boucherie. Un déluge de fer et d’acier qui emporta en grandes pompes des millions et des millions de jeunes hommes venus des quatre coins du monde. Une guerre qui restera comme la dernière guerre à l’ancienne et la première guerre industrialisée. Une horreur absolue, tellement indicible que le cinéma ne parviendra jamais réellement à en rendre toute l’horreur. Même si, un siècle plus tard, de nombreux films traitent encore du sujet, qu’il s’agisse des batailles (« Capitaine Conan », « Cheval de guerre », « Gallipoli ») ou du traumatisme des hommes (« Un long dimanche de fiançailles », « La chambre des officiers », « La vie et rien d’autre », « Cessez-le-feu »). Si on l’avait bien aperçut en poilu débrouillard dans « Un long dimanche de fiançailles », Albert Dupontel nous avait pourtant jusqu’ici plutôt habitué à un registre plus léger avec ses comédies satirico-dramatiques (« Bernie », « Le vilain », « Neuf mois ferme »). Avec « Au revoir là-haut », adaptation du roman éponyme de Pierre Lemaitre couronné du Prix Goncourt en 2013, il change pleinement de registre et signe sa première fresque historique.

« Pour avoir déclenché la guerre, pour ne l’avoir pas empêché et pour avoir aimé la faire, vous êtes condamnés à mort ! »

« Au revoir là-haut », c’est avant tout une belle histoire d’amitié forgée dans le sang et la boue des tranchées. Parce qu’il a pris le temps de sauver la vie d’Albert, son camarade d’infortune, Edouard se retrouve grièvement mutilé et deviendra l’une de ces nombreuses « gueules cassées ». Mais c’est aussi le récit d’une revanche sur le destin. De retour à la vie civile, dans le Paris des années folles (dont il restitue parfaitement la décadence et le cynisme) qui n’a que faire de deux anciens poilus dont un estropié, les deux compères vont rester solidaires et monter une astucieuse et lucrative arnaque aux monuments aux morts en jouant sur le sentiment patriotique qui domine la population d’alors. Derrière le côté bourru et bas-du-front de son personnage habituel, Dupontel fait une nouvelle fois preuve ici d’une extrême sensibilité dans les rapports de ces deux personnages de laissés-pour-compte. Mais plus encore, il trouve dans cette grande fresque historique dans laquelle se dessine finalement les grandes lignes de la lutte des classes un sujet en or lui permettant d’exprimer sa fibre volontiers anticonformiste et gentiment anar’, rappelant que la guerre est avant tout une aventure qui profite aux riches affairistes pendant que les pauvres souffrent et se font massacrer. Surtout, la réussite du film repose sur la facilité avec laquelle il s’est approprié ce récit foisonnant, donnant à sa magnifique reconstitution une dimension tantôt poétique (les formidables masques d’Edouard, d’une expressivité et d’une beauté remarquables), tantôt mélancolique. On notera également quelques libertés prises avec le roman original (mais avec la bénédiction de l’auteur) : si les références à l’homosexualité d’Edouard ont été gommées (sans véritables raisons), Dupontel a également fait le choix d’une fin plus « morale », parfaitement en phase avec l’esprit et la tonalité de son film. A cela, il faut rajouter l’interprétation magistrale des comédiens, le prodigieux Nahuel Perez Biscayart en tête (qui ne s’exprime que par le regard), mais aussi Laurent Lafitte et Niels Arestrup qui campent deux seconds rôles savoureux. Une ode à l’amitié, aux petites gens et aux marginaux qui constitue une réussite totale et qui demeure sans aucun doute l’un des grands films du cinéma français de ces dernières années.  

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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (2.0 et dolby atmos 7.1.4) ainsi qu’en audiodescription (2.0). Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’un commentaire audio d’Albert Dupontel, de Bande-annonce et d’un Teaser. La version exclusive Fnac inclue quant à elle un DVD de bonus qui comprend 18 modules making-of (55 min.).

Edité par Gaumont, « Au revoir là-haut » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 28 février 2018.

Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.