Ce n'est qu'à la seconde vision, la bonne cette fois ci, que je me suis laissé prendre par cet immense film qu'est « Les Diaboliques »de Henri-Georges Clouzot. Un film d'une grande qualité, aux frontières de plusieurs genres, qui n'a eu de cesse de me surprendre, confirmant ainsi qu'a une époque, on était capable d'écrire d'excellents thrillers, aussi bon dans la forme que dans le fond. Et c'est en toute logique que je me suis pencher sur le reste de l’œuvre de H-G Clouzot, Une filmographie qui prend forme dans des temps troublés, la seconde guerre mondiale et l'occupation allemande.
Car loin d’être à l’arrêt, la production cinématographique continua sous occupation allemande, et cela malgré des dotations moindres et la surveillance du « Propaganda-Abteilung Frankreich ». C'est ainsi que sous la bannière de la « Continental », compagnie de production crée par Goebbels en 1940, que plus d'une trentaine de films furent produits dont les premiers d'un certain « Henri-Georges Clouzot » ! « Un mystérieux assassin commet des meurtres en série et laisse sur ses cadavres sa carte de visite au nom de M. Durand. Le commissaire Wens trouve une piste qui le mène a Montmartre dans une pension de famille, les Mimosas. Il se déguise en pasteur et s'inscrit comme pensionnaire. »
Après avoir vu « Les Diaboliques », le réalisateur m'avait intrigué, mais la, après ce premier film, il a toute mon attention. Parce que « L'assassin habite au 21 », pour un premier film, c'est un coup de maître et surtout un formidable policier ! Il possède tout ce qu'il faut pour que l'on ne s'ennuie jamais, une intrigue palpitante, du suspense, un soupçon de romance, de la comédie et des dialogues absolument délicieux, qui glisse tout seul dans l'oreille.Et le réalisateur doit ça au roman qu'il adapte, celui de l'auteur belge « Stanislas-André Steeman», qui a pour info, écrit cela à son domicile en Belgique, qui se situe au numéro 21. Pour le film, un travail d'adaptation est nécessaire, on laisse ainsi la place à Paris, a mr Durand et a une pension de famille, au lieu de Londres et de mr Smith, pour un résultat excellent, ou en 90 minutes le film nous délivre une intrigue limpide, construite et surtout très bien équilibré ! Mais ce qui m'a surtout beaucoup plus avec ce premier film de Clouzot, c'est qu'il est filmé avec un dynamisme que je n'aurais jamais soupçonné pour l'époque ! L'image est superbe, la composition est riche, le montage appuie la dynamisme que Clouzot veut nous transmettre par ces nombreux travellings , pour un résultat final propre, au rythme soutenu, qui ne tombe jamais dans la frénésie. Et c'est aussi un excellent directeur d'acteurs, qui sait tirer le maximum de son casting, comme avec Pierre Fresnay et Suzy Delair, l'incroyable duo de ce film, aussi bon devant que derrière la caméra ou ils étaient ensemble dans la vie.
L'assassin habite au 21 – 7 Août 1942 – Réalisé par Henri-Georges Clouzot