Un grand merci à Le Pacte ainsi qu’à l’Agence Darkstar pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « The Florida Project » de Sean Baker.
« Ce qu’il me faudrait pour me détendre : un bon joint et me faire sauter ! »
Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère. En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…
« Ton problème c’est que tu n’assumes pas tes responsabilités »
Depuis sa découverte, l’Amérique a toujours été considérée comme la terre de tous les possibles. Un monde nouveau en forme d’El Dorado où la richesse, la gloire et la réussite semblent à portée de main de tous ceux qui se donneront le mal d’aller les chercher. Le pays de tous les superlatifs, où tout semble plus grand, plus gros et plus beau. Un monde libre et surtout libéral, dominé par l’illusion d’une égalité des chances et d’une méritocratie. Pourtant, il existe aussi en Amérique une vraie misère sociale dont le cinéma ne parle presque jamais. Un envers du rêve américain trop peu reluisant pour qu’on ait envie de le montrer. Cinéaste des laissés-pour-compte et de la marginalité, Sean Baker (remarqué en 2015 pour « Tangerine », qui suivait l’épopée d’une prostituée transsexuelle), fait le choix avec « The Florida project » de poser sa caméra dans un motel miteux pour y filmer une chronique des grands oubliés du rêve américain. Comble de l’ironie, celui-ci se trouve à la périphérie de la zone d’activités du Parc Disney World d’Orlando, symbole des loisirs de masses et du consumérisme futile. Filmé à hauteur d’enfants turbulents et mal élevés car trop souvent livrés à eux-mêmes, le film suit - sans porter de jugement - le morne quotidien d’une poignée d’êtres à la dérive. Qu’ils soient paumés, drogués, immigrés ou simplement malchanceux, tous tentent de survivre au quotidien dans ce monde violent et sans pitié pour les plus faibles, abandonnés de tous si ce n’est d’un concierge bienveillant et d’un camion de distribution de repas. La chronique, souvent touchante, est surtout très intéressante pour ce qu’elle montre et ce qu’elle dit de l’Amérique actuelle, plus individualiste et immorale que jamais. Dommage cependant que le film pêche parfois par excès de misérabilisme. A noter également la belle interprétation pleine d’humanité du trop rare Willem Defoe.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (5.1), ainsi qu’en version française (5.1) et en audiodescription. Des sous-titres français et français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un Making of (22 min.), d’un bêtisier (3 min.) et de deux interviews de Sean Baker (12 min.) et de Bria Vinaite (10 min.).
Edité par Le Pacte, « The Florida Project » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 9 mai 2018.
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