[Cannes 2018] “Le Grand Bain” de Gilles Lellouche

Par Boustoune

L’enfance, c’est le petit bain… On a pied, on est bien, on profite des plaisirs de la vie. Tout baigne…
Puis vient l’âge adulte, le grand bain. Un océan de contrariétés et d’emmerdements. Il faut nager de plus en plus vite, de plus en plus fort, si on ne veut pas se noyer. Le personnage principal, Bertrand (Mathieu Amalric) fait la planche depuis deux ans. Burn out, dépression, repli sur soi, libido est à zéro, perte totale de confiance… Il n’est pas loin de toucher le fond. Et l’offre de petit boulot venue de son abruti de beau-frère n’est pas franchement la bouée de secours attendue.

Heureusement, Bertrand va tomber sur une petite annonce qui va bouleverser sa vie. La piscine de la ville recrute des membre pour intégrer son équipe de natation synchronisée masculine. Bertrand n’est pas facilement attiré par cette discipline, il n’est même pas certain d’être un nageur très doué, mais quelque chose l’attire. Peut-être a-t-il en tête ces vieux films hollywoodiens avec Esther Williams, les sublimes ballets aquatiques où les nageuses formaient des cercles parfaits. C’est une forme qui lui plaît, ce cercle. Elle s’oppose à tous les nuisibles qui lui mettent la tête au carré. Le cercle évoque la générosité, le sein maternel, la roue qui sert à avancer… Le cercle d’amis, aussi. C’est surtout cela qu’il va trouver dans cette équipe atypique, assemblage de personnes aussi paumées que lui.
Parmi eux, on trouve Laurent (Guillaume Canet), un homme englué dans les problèmes, entre une femme distante, un fils fuyant et une mère folle à lier, Marcus (Benoît Poelvoorde), commerçant au bord de la banqueroute, Thierry (Philippe Katerine), célibataire célibattu, Simon (Jean-Hughes Anglade), rockeur de maisons de retraite, persuadé d’être un Bowie incompris, et quelques autres losers magnifiques.

Ils ne sont pas vraiment au point. Juste une équipe de zozos un peu trop bedonnants, trop dégarnis, trop buveurs et trop fumeurs pour être considérés comme des dieux des bassins.
Leur coach (Virginie Efira), tente malgré tout de faire en sorte que leurs prestations ressemblent à quelque chose. Elle les apaise, les soude, leur apprend à se coordonner, comme une mère de substitution. C’est leur nouveau phare, leur nouvelle boussole.
Mais quand elle est à son tour rattrapée par ses propres démons, c’est tout le petit groupe qui boit la tasse. Une mauvaise nouvelle, alors que l’équipe a fait le pari un peu fou de représenter la France aux prochains championnats du Monde…

Porté par un casting de haut-vol, Le Grand bain surnage aisément par rapport au tout-venant de la production nationale de comédies populaires. Gilles Lellouche réussit même à lui insuffler un ton particulier, drôle, tendre et ancré dans les problèmes du quotidien. On y fait trempette avec grand plaisir et c’est plutôt rafraîchissant.