Sur la forme, il s’agit d’un assemblage hétéroclite d’extraits de films, d’images d’archives, de reportages télévisés, de photos d’oeuvres d’art, accompagné d’un assemblage hétéroclite de répliques de films, de lectures de textes et d’aphorismes. Un grand fourre-tout censé représenter la pensée bouillonnante de JLG ou un nouveau langage, plus poétique, procédant par associations d’idées, jeu de coq-à-l’âne et calembours godardiens.
Mais sur le fond, le film développe un propos clair et cohérent. Le cinéaste s’interroge sur l’état du monde contemporain et ses résonnances avec d’autres périodes de l’histoire, comme si l’histoire de l’humanité était une succession de mauvais remakes d’un mauvais film. Il s’intéresse particulièrement aux relations souvent tendues entre l’Occident et le Monde Arabe, au conflit syrien, aux mouvements révolutionnaires qui essaient ça et là de changer l’ordre établi, à la violence faite aux femmes… Le Livre d’image est une oeuvre à la fois totalement dans l’air du temps, connectée à des problématiques contemporaines, et ancrée dans le passé, pour mieux rappeler les leçons de l’Histoire.
Evidemment, un tel film ne manquera pas de diviser fortement les cinéphiles. Les inconditionnels de Godard vont crier au génie. Ses détracteurs vont se déchaîner contre ce qu’ils considèrent comme une escroquerie cinématographique ou une blague de mauvais goût. Entre ces deux extrêmes, tout dépendra de votre faculté à lâcher-prise et à vous laisser porter par le flot d’images, de sons et de pensées, comme on peut s’abandonner à une rêverie. Pour avoir joué le jeu, le résultat n’est pas déplaisant, même si, avouons-le, ce curieux Livre d’image ne nous laissera probablement pas de souvenirs inoubliables.