Le nouveau film d’Antoine Desrosières, s’inscrit tout à fait dans l’air du temps, celui des hashtags #Balancetonporc et #Metoo, en suivant les relations tumultueuses de deux filles et deux garçons dans une ville de banlieue. Yasmina (Souad Arsane) a l’âge de s’intéresser aux garçons et jalouse un peu sa grande soeur Rim (Inas Chanti), qui file le parfait amour avec Majid (Mehdi Dahmane). Aussi, Rim décide de lui présenter Salim (Sidi Mejai), le meilleur pote de Majid. Grave erreur! Bien qu’un peu limité mentalement, le garçon se montre beaucoup plus malin quand il s’agit de baratiner et de monter des stratégies pour dominer les filles. Un soir, alors que Rim est absente, il réussit à manipuler Yasmina pour qu’elle leur fasse une fellation à Majid et lui. Naïve, l’adolescente s’exécute, avant de réaliser l’ignominie de la situation. Mais quand elle annonce qu’elle va tout révéler à Rim, Salim abat ses cartes : il l’a filmée pendant qu’elle accordait à Majid sa “petite gâterie” et menace de diffuser cette sextape sur les réseaux sociaux. Pour garder sa réputation intacte dans le quartier, Yasmina va devoir accepter de devenir son esclave sexuelle… Charmant, ce garçon! En même temps, il ne fait que répéter le même comportement machiste que ses aînés, adopter la même attitude dominatrice, issue de siècles d’inégalités entre hommes et femmes. Il aurait besoin d’une bonne leçon, que les filles vont finir par lui donner. Oui, malgré son sujet grave, A genoux les gars est une comédie assez irrésistible, qui repose sur les joutes verbales assez crues de ses acteurs principaux, tous épatants, et ose aborder les questions liées à la sexualité sans aucun complexe ni tabou. C’est une vraie réussite, qui donnera, espérons-le, un second souffle à la carrière de ce cinéaste attachant.
Apparemment, à la Semaine de la Critique, l’ambiance était tout aussi torride, sinon plus. Sauvage de Camille Vidal-Naquet suit en effet le parcours d’un jeune SDF, gigolo et toxicomane, ne cachant rien de ses ébats nocturnes, au risque de choquer les festivaliers les plus prudes. Les avis semblent très partagés sur ce premier film, qui traite son sujet de façon très crue et directe.
Il est aussi beaucoup question de sexe dans Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré, présenté en compétition officielle, mais ce n’est pas le sujet central du récit. Le film tourne autour de la rencontre entre un écrivain homosexuel atteint du SIDA qui, conscient que ses jours sont comptés, essaie de profiter une dernière fois des plaisirs de la vie, et d’un jeune étudiant insouciant, qui découvre sa sexualité et multiplie les expériences. Le cinéaste explore ses thématiques habituelles – beauté de la rencontre amoureuse et des jeux de séduction, malgré la menace omniprésente de la perte de l’être aimé ou de sa propre perte – et réussit à parler de maladie et de mort avec une pudeur infinie. (Lire notre critique).
En revanche, dans Cold War, pas question de filmer des scènes d’amour… La passion amoureuse est laissée hors-champ, puisque le long-métrage de Pawel Pawlikowski traite justement d’une relation impossible entre un chef d’orchestre et une chanteuse, dans la Pologne des années 1950. Audacieux sur la forme, avec son intrigue à ellipses, qui condense plus de dix années en quatre-vingt minutes, le film montre la frustration de ces deux amants maudits, tiraillés entre est et ouest, séparés par le rideau de fer ou souffrant de leur exil forcé. Il n’est pas certain que ce film assez sec et austère ait conduit les spectateurs à l’extase, mais cela n’en demeure pas moins une oeuvre intéressante de par son côté radical. (Lire notre critique)
Enfin, dans Arctic, oubliez toute scène de sexe, à moins de vouloir assister aux ébats des ours polaires… Car dans la région polaire arctique, avec une température extérieure de -70°C, c’est la débandade assurée, même pour un descendant des vikings comme Mads Mikkelsen! Et puis, son personnage a d’autres préoccupations, comme essayer de trouver des secours, par exemple, ou pêcher le poisson qui sera servi en sushi congelé au dîner… Le film de Joe Penna est plutôt bien mené, mais est plombé par des choix scénaristiques malheureux, qui nuisent à la crédibilité du récit. (Lire notre critique).
A demain pour la suite de ces chroniques cannoises.