C’est déjà la fin du Festival de Cannes 2018, et la rédaction du Cinéphile Anonyme revient pour vous sur le palmarès de la Sélection officielle.
Si le palmarès du Festival de Cannes est très souvent sujet à controverse, il faut reconnaître qu’un certain équilibre a été trouvé par le jury présidé par Cate Blanchett cette année. Malgré un cahier des charges éthique de plus en plus complexe (récompenser des femmes cinéastes sans donner l’impression de répondre à des quotas, promouvoir des gestes politiques sans sacrifier le septième art), les résultats de cette 71ème édition ont su évité de nombreux pièges, ne serait-ce qu’en choisissant de récompenser Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda de la Palme d’Or. Film certes engagé et tourné vers la question de la précarité au Japon, le lauréat annuel ne porte jamais un discours indigné au détriment de son médium, mais raconte une véritable histoire, merveilleusement bien construite, autour de personnages attachants. On en viendrait presque à pardonner au jury d’avoir craqué face à la facilité de donner un prix au puant Capharnaüm, ou encore à l’interprète du film misérabiliste Ayka. Mais dans l’ensemble, l’honneur est sauf, et outre quelques prix amplement mérités (Alice Rohrwacher pour le scénario de Lazzaro Felice), le palmarès s’est révélé cohérent sans avoir besoin d’être manipulé par des considérations extérieures aux films. Bien entendu, il est très beau de voir Jafar Panahi, assigné à résidence en Iran, être récompensé pour le scénario de son film Trois visages, ou encore d’assister au retour gagnant de Spike Lee avec le pamphlétaire BlacKkKlansman. Néanmoins, c’est bien la qualité de ces métrages qui prend le pas sur ce qu’ils représentent, signe rassurant quand on sait à quel point le Festival de Cannes peut amener à des réutilisations idéologiques des œuvres plus ou moins supportables.
Reste que plein de nos favoris ont été oubliés du palmarès. Du coup, on vous propose notre remise de prix personnelle, avant les résultats officiels.
Le Palmarès du Cinéphile Anonyme :
Palme d’Or : Leto, de Kirill Serebrennikov
Grand Prix : Under the Silver Lake, de David Robert Mitchell
Prix d’interprétation féminine : Zhao Tao, pour Les Éternels
Prix d’interprétation masculine : Doğu Demirkol, pour Le Poirier sauvage
Prix de la mise en scène : Burning, de Lee Chang-dong
Prix du scénario : Hirokazu Kore-eda, pour Une affaire de famille
Prix du jury : BlacKkKlansman, de Spike Lee
Le Palmarès officiel :
Palme d’or : Une affaire de famille, d’Hirokazu Kore-eda
Palme d’or spéciale : Jean-Luc Godard, pour Le Livre d’image
Grand prix : BlacKkKlansman, de Spike Lee
Prix d’interprétation féminine : Samal Yeslyamova, pour Ayka
Prix d’interprétation masculine : Marcello Fonte, pour Dogman
Prix de la mise en scène : Cold War, de Pawel Pawlikowski
Prix du scénario ex-aecquo : Alice Rohrwacher pour Heureux comme Lazzaro et Nader Saeivar pour Trois visages de Jafar Panahi.
Prix du jury : Capharnaüm, de Nadine Labaki