Le secret pour domestiquer son inspiration, c’est de la considérer comme un muscle nécessitant un entrainement quotidien pour accroître ses performances. Le vrai challenge pour un(e) auteur(e) expérimenté(e) n’est pas tant de trouver des idées que de les trier afin de déterminer celles qui sont réellement exploitables. Beaucoup d’entre nous utilisent un journal à cet effet…
A quoi reconnait-on un scénariste professionnel, chers lecteurs? Il prend des notes. Tout le temps, partout (voiture, métro, lit, canapé, voire salle de bain pour les cas les plus graves), de jour comme de nuit, devant la télé, en voiture, dans le train, au supermarché, au cinéma ou pendant qu’il est au téléphone.
Je vous ai déjà avoué ma consommation quelque peu excessive de carnets de notes et ceux d’entre vous qui me lisent régulièrement connaissent l’importance cruciale de mes journaux d’auteure et de réalisatrice.
Depuis que j’exerce le métier de scénariste, j’ai constaté que pour nourrir mes scénarios, j’avais besoin de me cultiver, ce qui est valable pour n’importe quel auteur, mais aussi, et peut-être plus encore, d’aborder d’autres formes d’écriture: poésie, roman, nouvelles, articles… Vous considérerez peut-être que je pousse le vice très loin mais pour pouvoir produire cette prose protéiforme, j’ai besoin de tenir un journal: mes fameux carnets Moleskine.
Il ne s’agit aucunement d’un journal intime dans lequel je retracerais ma vie trépidante 😉 mais d’un journal d’auteur: j’y consigne quotidiennement, et à la main, tout ce qui a trait à mes écrits: idées, sources d’inspirations, évolution de tel ou tel projet, joies et coups de blues, rencontres, projets, objectifs, succès et échecs, certains rêves, j’en passe et des meilleures. Que les choses soient claires: il ne s’agit pas d’un ouvrage adressé à une quelconque postérité et il était inconcevable d’effectuer ce travail sous forme de blog, il n’a pas vocation d’être lu par quiconque d’autre que moi-même. Je le conçois comme un outil de brainstorming, un fidèle compagnon d’écriture. Et je peux vous dire qu’il me rend de précieux services…
Pour reprendre la métaphore de l’inspiration pensée comme un muscle, on peut considérer le journal d’auteur comme une séance d’échauffement. C’est un excellent remède, préventif ou curatif, contre le writer’s block, l’ennemi juré de la redoutable procrastination puisqu’il oblige à une rigueur sans faille, même en périodes professionnelles creuses, et un reboosteur d’ego plutôt efficace (pour peu qu’on le remplisse d’autre chose que de jérémiades…). Certains auteurs préfèrent coucher ce genre de pensées dans un fichier word, ou sur un blog, tout en sachant que les rendre publiques en ôtera toute la spontanéité et que certains commentaires risquent de s’avérer fort douloureux…
Comme j’aime lire tout ce qui a trait à l’écriture, j’ai constaté qu’énormément d’auteurs tiennent ce genre de journaux, j’en ai bien entendu dévoré quelques uns et ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.
Je ne saurais que trop vous recommander de pratiquer régulièrement cet exercice d’écriture. Des études scientifiques ont démontré que tenir un journal est bénéfique pour l’être humain (meilleure gestion du stress et des émotions, confiance en soi reboostée), imaginez les bienfaits qu’il apporte à ceux qui vouent leurs journées à l’écriture!
Voici en bonus quelques journaux d’auteurs célèbres dont j’ai adoré la lecture (ce choix est bien entendu très subjectif, n’hésitez pas à étoffer la liste via les commentaires de cet article):
- le journal de Virginia Woolf
- le journal de Sylvia Plath
- les Carnets d’Albion de Peter Doherty
- le journal de Kurt Cobain
- Ecrire de Marguerite Duras
- le journal d’Andy Warhol qui n’était pas écrivain mais presque…
- le génial journal de Joyce Carol Oates
- le réjouissant Journal d’un écrivain en pyjama de Dany Laferrière
Quelques journaux inspirants :
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