Train de nuit pour la voie lactée

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Train de nuit dans la voie lactée » de Gisaburô Sugii.

« Papa ne tardera pas à revenir. Il ne ferait rien qui le conduirait en prison »

Enfant d’une famille pauvre, Giovanni doit travailler chaque jour pour aider sa mère malade. Il est souvent l’objet de moqueries de la part de ses camarades de classe. Son seul ami est Campanella. Les deux enfants vont vivre une incroyable aventure à bord d’un train voyageant… dans la Voie Lactée. Ils vont assister à une suite d’événements extraordinaires.

« J’espère que Maman me pardonnera »

Formé aux mythiques studios de la Toei Animation, qui furent à l’origine de l’avènement de la japanimation dès la fin des années 50, Gisaburô Suggi fait ses armes en qualité d’animateur sur « Le serpent blanc » (1958), qui reste considéré comme le premier film d’animation produit au Japon. Passé peu de temps après chez le concurrent Mushi Production, il prendra rapidement du galon et réalisera vite ses premiers films, à commencer par « Astro le petit robot » en 1963. Puisant largement son inspiration dans la littérature et dans les contes japonais, le jeune cinéaste ouvre alors la voie à plusieurs générations de dessinateurs/réalisateurs, notamment à ses condisciples Eiichi Yamamoto (« Bella Donna » en 1973), Isao Tkahata (qui débute avec « Horus, prince du soleil » en 1968) et Hayao Miyazaki (d’abord animateur et scénariste, dont le talent de réalisateur éclatera plus tardivement avec « Le château de Cagliostro » en 1979). Auteur de plusieurs films à succès (« Jack et le haricot magique » en 1974, « Le roman de Genji » en 1987 ou encore « Budori, l’étrange voyage » en 2012), il signe en 1985 « Train de nuit dans la voie lactée » d’après une nouvelle inachevée et très populaire au Japon de Kenji Miyazawa. Une nouvelle qui sera également au cœur du film d’animation « L’île de Giovanni » (2014) de Mizuho Nishikubo.

« J’aimerai tellement que nous voyagions ensemble pour toujours »

Avec « Train de nuit pour la voie lactée », Gisaburô Sugii nous convie à une balade mélancolique et élégiaque parmi les étoiles et les constellations. Un voyage étrange à travers un univers onirique et poétique peuplé de lieux et de personnages aussi insolites que surnaturels (un chasseur d’oiseaux migrateurs, les enfants naufragés du Titanic...). Une sorte labyrinthe dans lequel les deux jeunes héros chercheront à comprendre l’objet de leur voyage ainsi que leur destination. Même si très vite, celle-ci ne fera plus de doute. A l’évidence, Gisaburô Sugii signe là un conte philosophique et métaphysique sur la vie et la mort (et sur la vie et l’après la mort), à la symbolique religieuse (chrétienne et bouddhique) très forte et, malheureusement, pas toujours très accessible pour les non-initiés. Si le graphisme et l’animation - très marqués années 80 - paraissent un peu désuets et si le récit manque par moment de rythme, les personnages eux (que le cinéaste a choisi de représenter sous l’apparence de chats, contrairement à la nouvelle originelle) demeurent très attachants, jusqu’au déchirant final. On en retiendra en creux la jolie morale, selon laquelle la vie ne vaut d’être vécue sans amitié et sans altruisme. Un joli film très touchant donc, même s’il demeure sans doute un peu moins accessible que les films des Studios Ghibli.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale japonaise (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné des modules « À propos de Kenji Miyazawa » : par Hélène Morita, traductrice française de ses œuvres (21 min.), « Gisaburo Sugii, pionnier du cinéma d’animation » : par Olivier Fallaix, spécialiste de l’animation japnoaise (17 min.), deux bandes-annonces et Teaser.

Edité par Rimini Editions, « Train de nuit pour la voie lactée » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 2 mai 2018.

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