Quand c’est le 6e mois de l’année on s’intérroge forcément sur la fin du monde non ? Non en effet, mais il fallait bien trouver un prétexte pour parler de l’horreur culte de La Malédiction qui a fait son gamin diabolique une figure incontournable du genre.
Dans les années 70, le cinéma d’horreur a rendu l’Amérique complètement paranoïaque. Il faut dire que depuis Rosemary’s Baby et avec le phénomène l’Exorciste, il y a de quoi flipper. On notera d’ailleurs la dimension démoniaque de ce type d’horreur. C’est en 1976 que vient s’ajouter une nouvelle pierre à cet édifice avec la Malédiction qui a rendu le prénom « Damien » assez touchy à donner à son môme.
L’ambassadeur des Etats-Unis à Londres adopte un petit garçon après la fausse couche de sa femme. 5 ans plus tard, au cours de phénomènes étranges et alors que les morts s’accumulent autour de la famille, il apprend que son fils pourrait être l’antéchrist.
Voilà l’histoire qu’aujourd’hui tout le monde connait et qui combine à la fois la religion et donc la peur que celle-ci peut engendrer avec ses mythes pas toujours gentillets, et les histoires de gamins horribles comme on en connaitra tant par la suite. Et c’est Richard Donner qui s’occupe de mettre tout cela en scène. A ce moment là, le réalisateur n’a que 3 films passés relativement inaperçus à son actif et des épisodes de séries tv.
C’est donc surtout parce qu’il surfe sur une vague horrifique mais aussi parce qu’il s’est octroyé un comédien sacrément prestigieux dans le rôle principal (Gregory Peck), que le film attire l’attention. Mais l’histoire de son tournage a aussi fait la Une, puisque nombre d’accidents sont arrivés (avions frappés par la foudre, restaurant victime d’un attentat juste avant un rendez-vous important de producteurs, crash d’avion …) et ont donc fait monter la sauce sur un tournage maudit. Ce n’est certes pas le premier à qui cela arrive, ni le dernier, mais ça fait toujours parler !
Cela n’a toutefois pas empêché Donner de faire preuve d’une certaine maîtrise sur le film. Car si la Malédiction à évidemment pris un petit coup de vieux de par son rythme et sa manière de filmer relativement classique, l’atmosphère démoniaque plane tout de même pendant tout le film pour mettre le spectateur mal à l’aise. Cela est notamment dû à l’utilisation de certaines figures inquiétantes comme une gouvernante étrange ou un rotweiller un peu trop présent, mais aussi à la musique aux choeurs sataniques de Jerry Goldsmith et à la prestation excellente du jeune Harvey Stephens. A la fois innoncent et terriblement flippant le gamin porte aussi bien le film que Gregory Peck, et ce n’est pas rien !
D’ailleurs Gregory Peck est lui aussi particulièrement marquant dans le rôle de cet homme qui va, petit à petit, perdre tout ce qui lui est cher. Non seulement on peut presque avoir l’impression qu’il perd la raison, le doute étant régulièrement présent, mais il se retrouve aussi de plus en plus seul dans son combat qui doit le mener à mettre fin aux jours de son fils. Une solution plus que douloureuse donc pour celui qui rêvait pourtant de devenir un président irréprochable.
On notera aussi d’ailleurs que Donner arrive à se faire plaisir sur le film avec quelques images marquantes. Car si tout le film est une histoire d’atmosphère et de paranoïa progressive, il y a aussi quelques séquences de morts particulièrement inspirées et graphiquement impressionnantes à l’image d’un empalement ou d’une décapitation assez horribles.
Résultat, le film fonctionne particulièrement bien au box office et engendrera 2 suites, un téléfilm et un remake ! Et surtout la figure du gamin maudit Damien hantera le cinéma de genre. Il suffira d’une silouhette de môme habillé de noir avec une casquette avec un gros chien à côté d’une tombe pour nous glacer le sang. Et si les acteurs n’ont pas forcément profité du succès du film, c’est Richard Donner qui en sortira grandit puisqu’il réalisera juste après la première adaptation de Superman puis les Goonies ou encore l’Arme Fatale, une figure incontournable de l’Hollywood des années 80.