Capitaine de Castille

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Capitaine de Castille » d’Henry King.

« Je suis contre l’Inquisition. Contre toute organisation qui oppose l’ami à l’ami. Qui oppose le fils à son père. »

Jeté en prison par l’inquisiteur Diego De Silva pour lui avoir tenu tête en sauvant une esclave en fuite et une servante, le jeune noble espagnol Pedro De Vargas s’évade, grâce à la complicité d’un ami aventurier. Laissant derrière lui une famille décimée, il part pour Cuba où il rejoint les troupes du conquistador Cortés qui, bientôt, débarquent au Mexique. Acharné à sa perte, Silva le poursuit toujours d’une haine implacable…

« On dit que tout ceux qui partiront avec Cortez auront une part des bénéfices et reviendront riches »

Pionnier du cinéma américain, Henry King débute sa carrière de réalisateur dès le milieu des années 10, devenant rapidement - avec ses collègues D.W. Griffith, Raoul Walsh et John Ford - l’un des cinéastes les plus prolifiques et les plus en vue de l’ère du muet. S’adaptant parfaitement à l’avènement du cinéma parlant, il s’impose au cours des années 30 et 40 comme le cinéaste phare de la 20th Century Fox. Réalisateur éclectique, il se montre à l’aise dans tous les genres, du western (« Le brigand bien-aimé », « La cible humaine ») au drame (« Le chant de Bernadette », « Les neiges du Kilimandjaro », « La colline de l’adieu ») en passant par le film de guerre (« Un yankee dans la RAF », « Une cloche pour Adano »). Mais plus que tout, Henry King restera comme le spécialiste des superproductions d’aventures épiques et costumés (« Le cygne noir », « Echec à Borgia », « Capitaine King »...). En 1947, après une série de films plus ou moins dictés par l’actualité et le patriotisme, il renoue avec son registre de prédilection avec « Capitaine de Castille », retrouvant pour l’occasion Tyrone Power, son acteur fétiche qu’il dirigea plus d’une dizaine de fois.

« Qui ne peut battre en retraite doit aller de l’avant »

Un peu comme « Autant en emporte le vent » racontait le destin d’une poignée de personnages perdus dans les tourments de la Guerre de Sécession, « Capitaine de Castille » nous conte les aventures de trois personnages emportés dans les tourments du Royaume d’Espagne du 16ème siècle alors en proie à la terreur initiée par la puissante Inquisition. Avec pour seule issue possible, l’exode. Ou plus exactement les premières expéditions vers l’Amérique, ce nouveau continent de tous les possibles fraichement découvert. Devenus par les hasards de l’Histoire les compagnon du (tristement) célèbre Cortès, les trois héros prendront ainsi part à la conquête de l’Empire Aztèque, qui deviendra plus tard le Mexique. Une de fuite en avant qui donnera finalement lieu à une folle épopée historique doublée d’une incroyable aventure humaine. Adapté d’un roman de Samuel Shellabarger, « Capitaine de Castille » est ainsi un grand film d’aventures qui nous conte ainsi les prémices de la conquête du Nouveau monde. S’appuyant à l’évidence sur des moyens conséquents, King signe là un film au souffle romanesque indiscutable dans lequel il fait montre de tout son talent de cinéaste, signant ci et là quelques plans esthétiquement ébouriffants (notamment les larges plans d’avancée des troupes de Cortès qui illustrent sa conquête). Pour autant, le film, de par sa construction narrative, se montre assez vite répétitif (les diverses rencontres avec les émissaires de Moctezuma venus en vain négocier le retrait des troupes espagnoles) et manque quelque peu d’action pour justifier sa durée de plus de deux heures. Surtout, on regrettera le parti pris moral un peu douteux du réalisateur qui, en faisant totalement l’impasse sur les crimes commis par les Conquistadors, ne semble jamais remettre en cause les actions et la conquête des espagnols, ni leurs conséquences pour les autochtones. Reste un film visuellement intéressant, porté qui plus est par un très beau casting, composé notamment de  Tyrone Power, Cesar Romero, Lee  J. Cobb et la belle débutante Jean Peters.

**

Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-définition, en version originale américaine (2.0), ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné du module « Henry King, cinéaste de l’histoire », par Patrick Brion, historien du cinéma (31 min.).

Edité par ESC Editions, « Capitaine de Castille » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 17 avril 2018.

Le site Internet de ESC Editions est ici. Sa page Facebook est ici.