Chasseuse de Géants, critique

Chasseuse de Géants, critique

Voilà une sortie vidéo immanquable. Chasseuse de Géants (I Kill Giant) méritait surement plus mais était difficile à marketer pour les salles. Pourtant il n’en est pas moins un premier film très maîtrisé et profondément touchant. Bref un petit bijou à découvrir !

Chasseuse de Géants, critiqueEn 2008, le scénariste de comics Joe Kelly sortait, avec JM Ken Nimura, I Kill Giants. Un comics très personnel qui le change forcément des super-héros Marvel (un passage remarqué sur les X-Men) et DC (particulièrement sur Superman) pour qui il a officié plusieurs années. Resté inédit chez nous pendant des années, le comics a enfin été édité le mois dernier par Hi Comics. L’occasion d’apprécier enfin, cette histoire touchante en noir et blanc (le dessins oscillant entre le comics et le manga). Et ça tombe bien puisque c’est maintenant le film sort directement en vidéo après avoir squatté quelques salles américaines au printemps (et même depuis septembre au Canada).

Une arrivée en France qui n’est donc pas facile pour la jeune Chasseuse de Géants, d’autant plus que le film n’a pas forcément simple à produire. Car malgré un scénario très bien écrit par l’auteur du comics lui-même, c’est le réalisateur danois Anders Walter qui s’attaque à la réalisation. Remarqué par un court métrage (présent sur le dvd), il s’agit ici de son premier long mais sera heureusement soutenu par le producteur Chris Colombus (Harry Potter) et par l’actrice Zoe Saldana pour qui le rôle tient vraiment à coeur.

Mais maintenant que le film est là, nous pouvons enfin nous y pencher de plus près. Pour l’histoire, Barbara est une adolescente pas comme les autres. Vivant avec sa grande soeur et son frère, elle est un peu la risée du collège car elle semble vivre dans un monde un peu à part où elle serait une chasseuse de géants dont la mission est de protéger la ville des attaques de ces monstres sanguinaires. Mais ce délire est-il vrai ou est-ce juste un moyen pour échapper à la réalité.

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Dès le début, le réalisateur se place à la hauteur du regard de l’enfant et adopte son point de vue pour bien nous faire comprendre le cheminement de sa pensée et nous faire croire à ce mythe de la chasse aux géants. Avec un ton plutôt réaliste dans lequel le fantastique arrive par petites touche, nous avons une ambiance à la Amblin (mais la référence est très bien digérée) qui s’installe pour ne plus nous lâcher. Tout de suite on s’attache à cette jeune ado au fort caractère et au failles visibles.

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Et nous nous plaçons alors dans la même perspective que sa soeur ou sa psychologue de collège (Imogen Poots et Zoe Saldana, très justes) pour tenter de la raisonner et la comprendre. Avec une grande tendresse et sans prendre son public pour des idiots, Anders Walter nous embarque donc aux côtés de Barbara (Madison Wolfe est une vraie petite révélation) tout en maintenant le doute sur le myhe. Une dichotomie parfaitement travaillée pour nous mener vers un affrontement forcément attendu.

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Et cet affrontement (dans lequel le réalisateur gère très bien les effets visuels) est évidemment le paroxysme du film, non pas pour sa dimension spectaculaire mais pour sa dimension émotionnelle. Car Chasseuse de Géants n’est pas un blockbuster mais une histoire simple sur les sentiments contradictoires de la petite Barbara qui doit affronter les défis que lui impose la vie. Et c’est ce qui est véritablement touchant.

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A l’image du Quelques Minutes après Minuit de Juan Antonio Bayona (écrit après I Kill Giants et dont le film est entré en productionen même temps), le fantastique et les contes servent du surtout à imager les obstacles et les émotions de gamins en perte de repères et c’est ce qui fonctionne encore ici pour créer l’attachement et l’émotion sans superficialité mais justement avec une folle sincérité.

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Ainsi, Chasseuse de Géants se présente comme un film familial qui ne prend pas les gamins pour des idiots et rappelle aux adultes qu’il n’est pas simple de grandir. Un beau film que l’on aura donc plaisir à découvrir et partager.